Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. - Une citation de Paul Valéry.
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Paul ValĂ©ry, La Crise de l’esprit, 1919 - AgrĂ©gĂ© de Lettres modernes - Docteur Ăšs Lettres et Sciences Humaines Prix de ThĂšse de la Chancellerie des UniversitĂ©s de Paris - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en LittĂ©rature française - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en Sociologie - MaĂźtre de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt
Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  un an de la FIGAROVOX/ANALYSE - Califat, Ă©lection d'Erdogan en Turquie, conflit israĂ©lo-palestinien, les crises se multiplient au Moyen-Orient. La prophĂ©tie de Samuel Huntington serait-elle en train de se rĂ©aliser ? Le dĂ©cryptage de FrĂ©dĂ©ric Saint Clair, ancien conseiller de Dominique de Saint Clair est mathĂ©maticien et Ă©conomiste de formation. Il a Ă©tĂ© chargĂ© de Mission auprĂšs du Premier ministre Dominique de Villepin pour la communication politique 2005-2007. Il est aujourd'hui Consultant Free Victoires fulgurantes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant EIIL, massacre des chrĂ©tiens d'Orient, Ă©lection triomphale d'Erdogan en Turquie, escalade meurtriĂšre entre israĂ©liens et palestiniens, sommes-nous finalement en train d'assister au fameux choc des civilisations que prĂ©disait le trĂšs controversĂ© Samuel Huntington dĂšs 1996?FrĂ©dĂ©ric SAINT-CLAIR Un choc est par principe instantanĂ©. Mais que se passe-t-il avant? Et que se passe-t-il aprĂšs? Est-ce que tous les Ă©vĂšnements internationaux sont sensĂ©s participer de ce mĂȘme choc? Une lecture de l'actualitĂ© internationale au travers du modĂšle dĂ©veloppĂ© par Huntington semble par trop statique. Il y a une dynamique des conflits qui lui Ă©chappe. En revanche, Samuel Huntington a mis en lumiĂšre un certain nombre de points cruciaux pour comprendre la pĂ©riode postĂ©rieure Ă  la guerre froide, notamment l'Ă©mergence du culturel - et particuliĂšrement du fait religieux - au sein des conflits, ainsi que la perte de vitesse du modĂšle occidental et de la notion de dĂ©mocratie libĂ©rale. La vocation universaliste des droits de l'homme, le doux commerce» qui, selon Montesquieu, Ă©tait vecteur de paix, ne portent pas en eux une Ă©vidence et une force suffisantes pour ĂȘtre universellement acceptĂ©s. Paul ValĂ©ry, en introduction de son cĂ©lĂšbre texte, La crise de l'esprit, Ă©crivait Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» Aujourd'hui, des individus dĂ©pourvus de toute humanitĂ© instrumentalisent la religion afin de mettre un terme aux valeurs prĂŽnĂ©es par la civilisation occidentale, y compris les valeurs chrĂ©tiennes, et imposer leur barbarie. Des civilisations peuvent disparaĂźtre ainsi, dans l'horreur, la nĂŽtre Ă©galement, et l'histoire en est tĂ©moin. Nous n'en sommes pas lĂ  ; en revanche, la question de la prééminence de ces valeurs est nettement engagĂ©e. Des civilisations peuvent disparaĂźtre ainsi, dans l'horreur, la nĂŽtre Ă©galement, et l'histoire en est tĂ©moin. Nous n'en sommes pas lĂ . Dans une tribune publiĂ©e par le Monde, Dominique de Villepin explique, Ce n'est en rien un choc immĂ©morial entre les civilisations, entre l'Islam et la chrĂ©tientĂ©, ce n'est pas la dixiĂšme croisade 
 Non il s'agit d'un Ă©vĂ©nement historique majeur et complexe, liĂ© aux indĂ©pendances nationales, Ă  la mondialisation et au Printemps arabe». Tous ces Ă©vĂšnements ne sont-ils pas, malgrĂ© tout, liĂ©s par la montĂ©e de l'Islam radicale?Le choc n'est en effet pas immĂ©morial, et il ne s'agit en rien d'une opposition entre l'islam et le christianisme. Il ne s'agit pas non plus d'une croisade, ou alors Ă  l'envers, car en Irak, ce sont des musulmans qui tyrannisent les chrĂ©tiens sous prĂ©texte d'imposer leur religion. Si Dominique de Villepin a raison de souligner la complexitĂ© de l'Ă©vĂšnement, vous avez raison de souligner la dimension islamiste radicale qui est Ă  sa base. Mais l'islamisme radical en tant qu'hypertrophie politico-religieuse n'explique pas tout. Pour comprendre ces Ă©vĂšnements nous devons aller plus loin et interroger ce qui est Ă  son fondement, ce sur quoi les intĂ©gristes s'appuient, c'est-Ă -dire la composante politique de l'islam. Malek Chebel Ă©crit L'islam restera viscĂ©ralement attachĂ© Ă  une vision globale de l'existence, de sorte que la vie organique n'est jamais sĂ©parĂ©e de la vie spirituelle, ni la vie individuelle de la vie collective [
] Enfin, l'islam a rĂ©ponse Ă  tout, du berceau Ă  la tombe.» La dimension politique de l'existence collective est donc incluse intĂ©gralement dans, ou mĂȘme prĂ©emptĂ©e par, la dimension religieuse qui a vocation Ă  ĂȘtre totalisante. Au-delĂ  de l'islamisme, qui est une dĂ©rive extrĂ©miste qui doit ĂȘtre combattue, l'islam politique questionne dĂ©jĂ  le modĂšle de la dĂ©mocratie libĂ©rale occidentale. Nous le constatons sur le territoire français, oĂč les revendications religieuses face au droit rĂ©publicain se multiplient. Comment, dĂšs lors, cette dimension pourrait-elle ĂȘtre absente des rĂ©volutions nationales telles que les printemps arabes» oĂč de nouvelles structures politiques sont en train de naĂźtre, bien souvent dans la douleur? Avec beaucoup de patience et de tolĂ©rance, nous devons poursuivre et enrichir le dialogue entre dĂ©mocratie libĂ©rale et revendiquĂ©e par EIIL fait passer la communautĂ© des fidĂšles, avant l'attachement Ă  la nation. Existe-t-il un risque de voir ces diffĂ©rentes crises se rejoindre? En quoi diffĂšrent-elles vraiment les unes des autres?Nous sommes lĂ  au cƓur de la question thĂ©ologico-politique liĂ©e Ă  l'islam. L'Oumma pourrait, ou devrait, ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une communautĂ© spirituelle, et elle ne saurait ĂȘtre perçue autrement dans la tradition mystique, mais, la tentation de lier pouvoir spirituel et pouvoir temporel - politique - affaiblit la notion de communautĂ© religieuse et la rend susceptible d'ĂȘtre substituĂ©e Ă  la nation dĂ©mocratique. Le concept d' ecclĂ©sia» - de communautĂ© ou d'Ă©glise - a Ă©tĂ© soumis Ă  la mĂȘme tension, mais, par un cheminement long et complexe, cette tension a Ă©tĂ© apaisĂ©e en Occident. Elle demeure en revanche intacte dans les pays arabes et dans les diffĂ©rents types de conflits qui ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s, avec des particularitĂ©s propres, et des intensitĂ©s qu'au triomphe de Hungtington, assiste-t-on Ă  la dĂ©faite de Francis Fukuyama qui pronostiquait la fin de l'Histoire? Loin d'avoir conduit Ă  une homogĂ©nĂ©isation croissante de toutes les sociĂ©tĂ©s humaines» la globalisation n'a-t-elle pas, au contraire, exacerbĂ©e les identitĂ©s?Le modĂšle de Fukuyama a cristallisĂ© en quelque sorte toutes les illusions nĂ©es de la RĂ©volution Française et de la supĂ©riorité» occidentale du XIXĂšme siĂšcle. Il y a en effet une crise de l'identitĂ©. Celle-ci n'est pas nouvelle mĂȘme si elle prend de nouvelles formes, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'Ă©viter les modĂšles englobants et statiques. La globalisation a accĂ©lĂ©rĂ© la chute du modĂšle occidental matĂ©rialiste. Malheureusement, les valeurs humanistes prĂ©sentes Ă  la base de ce modĂšle, telles que les droits de l'homme, la libertĂ©, l'Ă©galitĂ©, la fraternitĂ©, ont subi le mĂȘme sort. La haine de l'Occident, qui grandit, amalgame toutes les composantes d'un modĂšle occidental multiforme fragilisĂ© par notre incapacitĂ© Ă  le remettre en question et Ă  le renouveler. Il semble nĂ©cessaire de revenir aux fondamentaux de notre civilisation, et de les cultiver. Gandhi Ă©crivait L'amour est la plus grande force au monde et, en mĂȘme temps, la plus humble qu'on puisse imaginer.» Pour apaiser les tensions identitaires, au moins dans notre pays, c'est cela qu'il faut mettre en pratique. Notre tradition rĂ©publicaine a beaucoup insistĂ© sur la libertĂ© et l'Ă©galitĂ© et a oubliĂ© bien souvent la fraternitĂ©, qui, selon Pierre Leroux, Ă©tait la condition de l'unitĂ©. Par exemple, les Ă©trangers vivant sur le sol français, qu'ils soient juifs, musulmans, athĂ©es, ou autre, doivent ĂȘtre inclus dans cette fraternitĂ© rĂ©publicaine, car c'est par lĂ  que notre attachement Ă  nos valeurs s'exprime le mieux. Avec beaucoup de patience et de tolĂ©rance, nous devons poursuivre et enrichir le dialogue entre dĂ©mocratie libĂ©rale et islam. Si l'histoire a montrĂ© que la France avait eu raison de s'opposer Ă  l'intervention amĂ©ricaine en Irak en 2003, face au nouveau dĂ©sordre mondial créé par celle-ci ainsi que face aux effets collatĂ©raux des printemps arabes, faut-il dĂ©sormais intervenir, notamment pour protĂ©ger les chrĂ©tiens d'Orient?Oui, il faut intervenir, car les conditions sont radicalement diffĂ©rentes. En 2003, Bush partait en guerre contre Sadam Hussein persuadĂ© de trouver des tĂȘtes nuclĂ©aires enfouies dans le sol irakien, et de participer ainsi Ă  la lutte contre le terrorisme. Aujourd'hui, nous sommes face Ă  une oppression rĂ©elle, Ă  des populations entiĂšres jetĂ©es le long des routes, dans des conditions terribles. Nous devons cependant rester vigilants face Ă  la tentation guerriĂšre. La reconstruction de la paix est l'unique objectif.Il faudra une gĂ©nĂ©ration au Moyen-Orient pour entrer dans sa propre modernitĂ© apaisĂ©e, mais d'ici lĂ  il est guettĂ© par la tentation nihiliste, par le suicide civilisationnel. Nous sommes Ă  la veille du moment dĂ©cisif oĂč la rĂ©gion basculera de l'un ou de l'autre cĂŽtĂ©.» Quel rĂŽle les pays occidentaux pour Ă©viter le basculement du mauvais cĂŽtĂ©?Nous pouvons parler de nihilisme» car c'est bien d'une nĂ©gation des valeurs morales de l'Occident dont il s'agit. En revanche, la perspective d'une entrĂ©e dans une modernitĂ© apaisĂ©e Ă  horizon d'une gĂ©nĂ©ration reste difficilement envisageable. C'est une sociĂ©tĂ© close qui se dessine dans cette rĂ©gion du monde, et le modĂšle occidental n'a que peu d'influence sur elle. Le soft power», pour employer un terme repris par Fukuyama, est devenu quasiment inopĂ©rant. L'aide aux populations dĂ©favorisĂ©es, l'aide humanitaire que la France va superviser en Irak - et dont nous devons ĂȘtre satisfaits -, participe du rĂŽle que vous Ă©voquez et qui peut ĂȘtre dĂ©terminant, notamment sur le chemin parfois long qui mĂšne Ă  la paix. Dela contre-utopie, Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous ĂȘtes mortelles, Eric Essono Tsimi, Didier Alexandre, Classiques Garnier. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction . PREMIÈRE LETTRE Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie
 ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Ce n’est pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il n’a pas suffi Ă  notre gĂ©nĂ©ration d’apprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident; elle a vu, dans l’ordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects? Ainsi la PersĂ©polis spirituelle n’est pas moins ravagĂ©e que la Suse matĂ©rielle. Tout ne s’est pas perdu, mais tout s’est senti pĂ©rir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acquise par des siĂšcles de malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, par des chances gĂ©ographiques, ethniques, historiques innombrables. Alors, — comme pour une dĂ©fense dĂ©sespĂ©rĂ©e de son ĂȘtre et de son avoir physiologiques, toute sa mĂ©moire lui est revenue confusĂ©ment. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remontĂ©s pĂȘle-mĂȘle. Jamais on n’a tant lu, ni si passionnĂ©ment que pendant la guerre demandez aux libraires. Jamais on n’a tant priĂ©, ni si profondĂ©ment demandez aux prĂȘtres. On a Ă©voque tous les sauveurs, les fondateurs, les protecteurs, les martyrs, les hĂ©ros, les pĂšres des patries, les saintes hĂ©roĂŻnes, les poĂštes nationaux
 Et dans le mĂȘme dĂ©sordre mental, Ă  l’appel de la mĂȘme angoisse, l’Europe cultivĂ©e a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensĂ©es dogmes, philosophies, idĂ©aux hĂ©tĂ©rogĂšnes; les trois cents maniĂšres d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes tout le spectre de la lumiĂšre intellectuelle a Ă©talĂ© ses couleurs incompatibles, Ă©clairant d’une Ă©trange lueur contradictoire l’agonie de l’ñme europĂ©enne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiĂ©vreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se dĂ©faire des fils de fer barbelĂ©s, de dĂ©jouer les sous-marins ou de paralyser les vols d’avions, l’ñme invoquait Ă  la fois toutes les incantations qu’elle savait, considĂ©rait sĂ©rieusement les plus bizarres prophĂ©ties; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antĂ©rieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont lĂ  les produits connus de l’anxiĂ©tĂ©, les entreprises dĂ©sordonnĂ©es du cerveau qui court du rĂ©el au cauchemar et retourne du cauchemar au rĂ©el, affolĂ© comme le rat tombĂ© dans la trappe
 La crise militaire est peut-ĂȘtre finie. La crise Ă©conomique est visible dans toute sa force; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature mĂȘme, prend les apparences les plus trompeuses puisqu’elle se passe dans le royaume mĂȘme de la dissimulation, cette crise laisse difficilement saisir son vĂ©ritable point, sa phase. Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littĂ©rature, en philosophie, en esthĂ©tique. Nul ne sait encore quelles idĂ©es et quels modes d’expression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveautĂ©s seront proclamĂ©es. L’espoir, certes, demeure et chante Ă  demi-voix Et cum vorandi vicerit libidinem, Late triumphet imperator spiritus Mais l’espoir n’est que la mĂ©fiance de l’ĂȘtre Ă  l’égard des prĂ©visions prĂ©cises de son esprit. Il suggĂšre que toute conclusion dĂ©favorable Ă  l’ĂȘtre doit ĂȘtre une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes Ă©crivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture europĂ©enne et la dĂ©monstration de l’impuissance de la connaissance Ă  sauver quoi que ce soit; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme dĂ©shonorĂ©e par la cruautĂ© de ses applications; il y a l’idĂ©alisme, difficilement vainqueur, profondĂ©ment meurtri, responsable de ses rĂȘves; le rĂ©alisme déçu, battu, accablĂ© de crimes et de fautes; la convoitise et le renoncement Ă©galement bafouĂ©s ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant; il y a les sceptiques eux-mĂȘmes dĂ©sarçonnĂ©s par des Ă©vĂ©nements si soudains, si violents, si Ă©mouvants, et qui jouent avec nos pensĂ©es comme le chat avec la souris, — les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur du navire a Ă©tĂ© si forte que les lampes les mieux suspendues se sont Ă  la fin renversĂ©es. Ce qui donne Ă  la crise de l’esprit sa profondeur et sa gravitĂ©, c’est l’état dans lequel elle a trouvĂ© le patient. Je n’ai ni le temps ni la puissance de dĂ©finir l’état intellectuel de l’Europe en 1914. Et qui oserait tracer un tableau de cet Ă©tat? Le sujet est immense; il demande des connaissances de tous les ordres, une information infinie. Lorsqu’il s’agit, d’ailleurs, d’un ensemble aussi complexe, la difficultĂ© de reconstituer le passĂ©, mĂȘme le plus rĂ©cent, est toute comparable Ă  la difficultĂ© de construire l’avenir, mĂȘme le plus proche; ou plutĂŽt, c’est la mĂȘme difficultĂ©. Le prophĂšte est dans le mĂȘme sac que l’historien. Laissons-les-y. Mais je n’ai besoin maintenant que du souvenir vague et gĂ©nĂ©ral de ce qui se pensait Ă  la veille de la guerre, des recherches qui se poursuivaient, des Ɠuvres qui se publiaient. Si donc je fais abstraction de tout dĂ©tail et si je me borne Ă  l’impression rapide, et Ă  ce total naturel que donne une perception instantanĂ©e, je ne vois — rien ! — Rien, quoique ce fĂ»t un rien infiniment riche. Les physiciens nous enseignent que dans un four portĂ© Ă  l’incandescence, si notre Ɠil pouvait subsister, il ne verrait — rien. Aucune inĂ©galitĂ© lumineuse ne demeure et ne distingue les points de l’espace. Cette formidable Ă©nergie enfermĂ©e aboutit Ă  l’invisibilitĂ©, Ă  l’égalitĂ© insensible. Or, une Ă©galitĂ© de cette espĂšce n’est autre chose que le dĂ©sordre Ă  l’état parfait. Et de quoi Ă©tait fait ce dĂ©sordre de notre Europe mentale? — De la libre coexistence dans tous les esprits cultivĂ©s des idĂ©es les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposĂ©s. C’est lĂ  ce qui caractĂ©rise une Ă©poque moderne. Je ne dĂ©teste pas de gĂ©nĂ©raliser la notion de moderne et de donner ce nom Ă  certain mode d’existence, au lieu d’en faire un pur synonyme de contemporain. Il y a dans l’histoire des moments et des lieux oĂč nous pourrions nous introduire, nous modernes, sans troubler excessivement l’harmonie de ces temps-lĂ , et sans y paraĂźtre des objets infiniment curieux, infiniment visibles, des ĂȘtres choquants, dissonants, inassimilables. OĂč notre entrĂ©e ferait le moins de sensation, lĂ  nous sommes presque chez nous. Il est clair que la Rome de Trajan, et que l’Alexandrie des PtolĂ©mĂ©es nous absorberaient plus facilement que bien des localitĂ©s moins reculĂ©es dans le temps, mais plus spĂ©cialisĂ©es dans un seul type de mƓurs et entiĂšrement consacrĂ©es Ă  une seule race, Ă  une seule culture et Ă  un seul systĂšme de vie. Eh bien! l’Europe de 1914 Ă©tait peut-ĂȘtre arrivĂ©e Ă  la limite de ce modernisme. Chaque cerveau d’un certain rang Ă©tait un carrefour pour toutes les races de l’opinion; tout penseur, une exposition universelle de pensĂ©es. Il y avait des Ɠuvres de l’esprit dont la richesse en contrastes et en impulsions contradictoires faisait penser aux effets d’éclairage insensĂ© des capitales de ce temps-lĂ  les yeux brĂ»lent et s’ennuient
 Combien de matĂ©riaux, combien de travaux, de calculs, de siĂšcles spoliĂ©s, combien de vies hĂ©tĂ©rogĂšnes additionnĂ©es a-t-il fallu pour que ce carnaval fĂ»t possible et fĂ»t intronisĂ© comme forme de la suprĂȘme sagesse et triomphe de l’humanitĂ©? Dans tel livre de cette Ă©poque — et non des plus mĂ©diocres — on trouve, sans aucun effort — une influence des ballets russes, — un peu du style sombre de Pascal, — beaucoup d’impressions du type Goncourt, quelque chose de Nietzsche, — quelque chose de Rimbaud, — certains effets dus Ă  la frĂ©quentation des peintres, et parfois le ton des publications scientifiques, — le tout parfumĂ© d’un je ne sais quoi de britannique difficile Ă  doser !
 Observons, en passant, que dans chacun des composants de cette mixture, on trouverait bien d’autres corps. Inutile de les rechercher ce serait rĂ©pĂ©ter ce que je viens de dire sur le modernisme, et faire toute l’histoire mentale de l’Europe. Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de BĂąle Ă  Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet europĂ©en regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il mĂ©dite sur la vie et la mort des vĂ©ritĂ©s. Il a pour fantĂŽmes tous les objets de nos controverses; il a pour remords tous les titres de notre gloire; il est accablĂ© sous le poids des dĂ©couvertes, des connaissances, incapable de se reprendre Ă  cette activitĂ© illimitĂ©e. Il songe Ă  l’ennui de recommencer le passĂ©, Ă  la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abĂźmes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde l’ordre et le dĂ©sordre. S’il saisit un crĂąne, c’est un crĂąne illustre. — Whose was it ? — Celui-ci fut Lionardo. Il inventa l’homme volant, mais l’homme volant n’a pas prĂ©cisĂ©ment servi les intentions de l’inventeur nous savons que l’homme volant montĂ© sur son grand cygne il grande uccello sopra del dosso del suo magnio cecero a, de nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige Ă  la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pavĂ© des villes
 Et cet autre crĂąne est celui de Leibniz qui rĂȘva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel qui genuit Marx qui genuit
 Hamlet ne sait trop que faire de tous ces crĂąnes. Mais s’il les abandonne!
 Va-t-il cesser d’ĂȘtre lui-mĂȘme? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre Ă  la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix Ă  la guerre; tous les peuples en sont troublĂ©s. Et moi, se dit-il, moi, l’intellect europĂ©en, que vais-je devenir?
 Et qu’est-ce que la paix? La paix est peut-ĂȘtre, l’état de choses dans lequel l’hostilitĂ© naturelle des hommes entre eux se manifeste par de crĂ©ations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre. C’est le temps d’une concurrence crĂ©atrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatiguĂ© de produire? N’ai-je pas Ă©puisĂ© le dĂ©sir des tentatives extrĂȘmes et n’ai-je pas abusĂ© des savants mĂ©langes? Faut-il laisser de cĂŽtĂ© mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes? Dois-je suivre le mouvement et faire comme Polonius, qui dirige maintenant un grand journal? comme Laertes, qui est quelque part dans l’aviation? comme Rosencrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe? — Adieu, fantĂŽmes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrĂšs sa tendance Ă  une prĂ©cision fatale, cherche Ă  unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion rĂšgne encore, mais encore un peu de temps et tout s’éclaircira; nous verrons enfin apparaĂźtre le miracle d’une sociĂ©tĂ© animale, une parfaite et dĂ©finitive fourmiliĂšre. »

PaulValéry a dit Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles (1919) Pensez-vous comme lui que les civilisations sont mortelles ? Les civilisations sont construites pour durer, il est vrai que nous n'imaginons pas notre propre mort.

Tribune libre de Pierre-François Ghisoni* Civilisations, nous sommes mortelles ! Reste Ă  le » savoir comme le prĂ©cisait Paul ValĂ©ry dans VariĂ©tĂ©s Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et j’ose ajouter reste Ă  savoir si nous ne sommes pas dans la derniĂšre phase. Il n’est pas d’Ɠuvre humaine qui ne soit condamnĂ©e Ă  pĂ©rir. Cela va du moindre Ă©crit comme celui-ci Ă  la civilisation dans laquelle il s’insĂšre. Et les exemples ne manquent pas dans le monde. Celui qui aurait prĂ©dit au soir du 15 novembre 1532 que l’empire inca disparaĂźtrait sous les coups de douze Espagnols aurait risquĂ© sa vie. Le 16 au soir
 un Inca le titre Ă©quivalent Ă  empereur et le lendemain
 un prisonnier qui paiera la plus grosse rançon de l’histoire et sera nĂ©anmoins exĂ©cutĂ©. On pourrait multiplier les exemples. Byzance, son empire et sa civilisation tombĂšrent en 1453 au milieu de querelles byzantines ». Vraie ou arrangĂ©e, nous est restĂ©e celle portant sur le sexe des anges ». Alors, la France de 2013 ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes internes avec les derniĂšres Ă©lucubrations de cette minoritĂ© de minoritĂ© et de ce gouvernement, dont on ne sait plus qui supporte l’autre, qui est la corde, qui est le pendu ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes externes au moment oĂč aujourd’hui, le mĂȘme gouvernement relance la question du droit de vote des Ă©trangers, alors qu’il subit et abandonne les zones de non-droit Ă  une nouvelle fĂ©odalitĂ© barbare ? Oui, les civilisations meurent. Elles meurent par la concomitance de fĂȘlures internes et externes qui en atteignent les Ɠuvres vives, maquillĂ©es par un hideux replĂątrage. Elles meurent Ă  cause des mannequins tonitruants aux pieds d’argile. Elles laissent des traces, et d’autres les remplacent. Elles meurent, soit parce qu’elles ont fait leur temps, soit parce qu’on n’a pas voulu traiter quand cela Ă©tait encore possible. Une civilisation Ă  visage humain Elisabeth KĂŒbler-Ross, dont les travaux font autoritĂ©, dĂ©gage cinq stades successifs lorsqu’un diagnostic fatal est annoncĂ© aux humains que nous sommes le dĂ©ni, la colĂšre, le marchandage, la dĂ©pression, l’acceptation. Reste Ă  savoir comment une sociĂ©tĂ© se comporte en la matiĂšre. Reste Ă  rĂ©flĂ©chir, peut-ĂȘtre Ă  agir. Agir, c’est avoir acceptĂ© d’entendre, c’est faire le bilan des possibles sans se masquer les impossibles, c’est, prendre l’une des voies ouvertes aprĂšs le stade d’acceptation laisser-aller, s’y diriger bravement, lĂ©guer pour que le tĂ©moignage perdure. Ici encore, les exemples historiques ne manquent pas, mais mieux vaut y rĂ©flĂ©chir que d’alourdir ce texte. Mieux vaut faire le bilan
 sans nĂ©gliger l’espoir, mais sans s’y accrocher aveuglĂ©ment. Une conclusion provisoire C’est en ce sens qu’il faut comprendre les dĂ©parts, les envies de dĂ©part, ou au contraire les envies de rĂ©sistance, d’enracinement, les affirmations, parfois pĂ©tries de courage, parfois pures rodomontades. C’est en ce sens qu’il faut revoir les raisons que lancent haut et fort un Depardieu, les alibis financiers d’un Arnault et de tant d’autres intouchables. C’est en ce sens que nous continuerons. *Pierre-François Ghisoni blog est Ă©crivain et Ă©diteur.
Evidemment nous avons tous tendance Ă  croire que nous sommes nous. Mais nous n’en sommes pas si sĂ»rs que ça, regardez-y bien de prĂšs. (..) Ce n’est donc pas seulement Ă  cette croyance naĂŻve que l’on veut nous ramener. Il s’agit d’un phĂ©nomĂšne Ă  proprement parler sociologique () ». Nous verrons plus tard que la question de l’ego –principe de
Les invitĂ©s du Point Jean-Paul Brighelli Alors que le thĂšme de l'immigration s'impose dans les programmes, Brighelli a lu "Les Derniers Jours", qui relate la chute de l'Empire romain d'Occident. L'empereur Caracalla son Ă©dit en 212 accorde la citoyennetĂ© romaine Ă  tout homme libre de l'empire. Une mesure dĂ©lĂ©tĂšre, selon Michel De Jaeghere. © Rama, Parmi les gros pavĂ©s Ă  apporter en vacances, je ne saurais trop vous recommander Les Derniers Jours-La Fin de l'Empire romain d'Occident, paru Ă  la fin 2014 aux Belles Lettres. En 600 pages Ă©rudites et fort bien Ă©crites est-ce parce que l'auteur, Michel De Jaeghere, est d'abord journaliste avant d'ĂȘtre historien qu'il sait raconter ?, on nous dit tout sur l'un des plus grands bouleversements civilisationnels de l'histoire de l'humanitĂ© comment en 200 ans, entre les IVe et Ve siĂšcles, un empire sĂ»r de lui et dominateur, comme aurait dit de Gaulle, a cĂ©dĂ© sous les coups d'une nuĂ©e de barbares, qui auraient laissĂ© aux anciens Romains leurs yeux pour pleurer s'ils ne les leur avaient prĂ©alablement arrachĂ©s. Invasions ou migrations ? Comme nous vivons nous-mĂȘmes dans un monde en proie Ă  toutes les menaces et que, comme le disait si bien ValĂ©ry, "nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", Mme Vallaud-Belkacem a pensĂ© qu'il fallait vraiment insister sur la question de l'immigration "chance pour la France" nos bambins, si l'on en croit les programmes miraculeusement issus en avril dernier de ce que la France a de pire en matiĂšre d'historiens, Ă©tudieront la question en CM1 les vagues migratoires du Ve au Xe siĂšcle, en sixiĂšme un tiers de l'annĂ©e est censĂ© ĂȘtre consacrĂ© Ă  "la longue histoire de l'humanitĂ© et des migrations", thĂšme repris plus tard dans "romanisation et dĂ©buts du christianisme" et en cinquiĂšme "l'islam dĂ©buts, expansion, sociĂ©tĂ©s et cultures" et "les empires byzantin et carolingien entre Orient et Occident". Il fallait au moins ça. Il faut voir ce qui est Ă  l'Ɠuvre dans cette prĂ©sentation quelque peu biaisĂ©e. Michel De Jaeghere prĂ©cise que "l'appellation mĂȘme de grandes invasions, par quoi notre historiographie dĂ©signe les invasions barbares", est distincte de l'appellation allemande Völkerwanderung, qui signifie "migration de peuples". ForcĂ©ment les Allemands ne vont pas s'appeler eux-mĂȘmes barbares - puisque les barbares, en l'occurrence, c'Ă©taient eux, les Germains. Tout comme les assassins qui sĂ©vissent de l'autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e et ici aussi de temps en temps pensent ĂȘtre de vrais croyants. Dans le choix des termes, on devine l'orientation que la nouvelle historiographie officielle made in Rue de Grenelle entend donner aux programmes que le ministre a commandĂ©s. Le suicide d'une civilisation Le livre qui est un vrai livre d'histoire, l'auteur a eu tellement peur de passer pour un "journaliste" terme Ă©minemment mĂ©prisant dans la bouche de nos modernes profs d'histoire qu'il Ă©taie chacune de ses affirmations, chacun des faits Ă©noncĂ©s, de mille et une rĂ©fĂ©rences antiques et modernes - la bibliographie est particuliĂšrement riche. Mais sans que cela alourdisse la lecture - miracle d'une narration parfaitement maĂźtrisĂ©e. Qu'apprenons-nous, bĂ©otiens que nous sommes ? Que, comme le disait RenĂ© Grousset en 1946 dans son Bilan de l'histoire, "aucune civilisation n'est dĂ©truite du dehors sans s'ĂȘtre tout d'abord ruinĂ©e elle-mĂȘme, aucun empire n'est conquis de l'extĂ©rieur qu'il ne se soit prĂ©alablement suicidĂ©". Il ne s'agit plus, cette fois, d'un "suicide français" c'est une civilisation entiĂšre qui est poussĂ©e vers la sortie. Les barbares rappelons encore une fois que ce mot grec signifiait, Ă  l'origine, "ceux qui ne parlent pas grec" ont Ă©tĂ© invitĂ©s dans l'empire. Plus d'un million d'immigrĂ©s des Goths, des Huns, des Alains, des Vandales sont entrĂ©s pacifiquement en deçà du limes, cette ligne de fortifications naturelles Rhin et Danube ou artificielles qui jalonnait la frontiĂšre nord de l'empire. Ils sont venus faire Ă  Rome toutes sortes de mĂ©tiers, Ă  commencer par celui des armes aprĂšs l'Ă©dit de Caracalla 212 qui donnait la citoyennetĂ© romaine Ă  tous les habitants de l'empire, les candidats Ă  l'enrĂŽlement se sont rarĂ©fiĂ©s - puisqu'on n'avait plus besoin d'avoir recours Ă  un trĂšs long service sous les aigles romaines pour acquĂ©rir une citoyennetĂ© que l'on vous avait dĂ©cernĂ©e d'emblĂ©e. D'oĂč la nĂ©cessitĂ© de faire appel Ă  des mercenaires les Huns, ces Asiates, qui ont poussĂ© devant eux les multiples peuplades effarĂ©es de leur fĂ©rocitĂ©, ont Ă©tĂ© Ă  maintes reprises des auxiliaires prĂ©cieux des armĂ©es romaines, avant de leur tailler des croupiĂšres pour leur compte. L'empire Ă©tait trop beau, il avait, comme dit Giraudoux, "des dieux et des lĂ©gumes trop dorĂ©s" pour ne pas faire envie Ă  des tribus qui vivaient de rapines dans des steppes et des fondriĂšres. Évidemment, ces Ă©trangers infiltrĂ©s, bien qu'ils se soient parfois romanisĂ©s Ă  l'extrĂȘme, ont accueilli favorablement leurs anciens congĂ©nĂšres lorsqu'Ă  partir de la fin du IVe siĂšcle les frontiĂšres ont commencĂ© Ă  craquer de toutes parts. Si cela vous Ă©voque quelque chose et si vous pensez soudain que l'Ă©tude de l'histoire est pleine d'enseignements politiques pour le temps prĂ©sent, ce n'est pas ma faute. Ni celle de l'auteur. Des rapprochements qui se font tout seuls Michel De Jaeghere n'a pas besoin d'inciter aux rapprochements ils se font tout seuls. Les Romains ne font plus d'enfants, contrairement aux barbares. De grands latifundiaires ont accaparĂ© l'essentiel des richesses, et envoyĂ© dans les villes des foules dĂ©sƓuvrĂ©es et affamĂ©es. Le manque de bras explique le recours Ă  l'immigration, et Ă  la servitude volontaire de barbares qui travaillent les champs de leurs nouveaux patrons avant de s'en rendre maĂźtres. L'Ă©cole romaine n'est plus accessible qu'Ă  des Ă©lites, le reste de la plĂšbe parle une langue de jour en jour plus corrompue. Les intĂ©rĂȘts individuels l'emportent sur l'intĂ©rĂȘt collectif. Si les appareils photo existaient Ă  l'Ă©poque, les Romains de la dĂ©cadence ne feraient plus que des selfies. Et surtout, l'empire a atteint une taille critique qui le rend indĂ©fendable. L'Empire romain d'Orient a plus de cohĂ©sion - et quand les Arabes, au VIIe siĂšcle, auront conquis l'Égypte, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, il rĂ©sistera longtemps, ramenĂ© Ă  ses frontiĂšres naturelles, aux incursions de l'islam triomphant -, il faudra les Turcs pour qu'il s'effondre tout Ă  fait, 800 ans plus tard. Tout rapport avec une Europe qui s'est gonflĂ©e comme la grenouille de la fable, acceptant dans l'enthousiasme des nouveaux venus qui n'avaient ni les finances ni la culture adĂ©quates, serait bien sĂ»r exagĂ©rĂ©. Un miroir terrifiant Les historiens de profession reprocheront sans doute Ă  Michel De Jaeghere d'ĂȘtre journaliste. Et Ă  moi de cĂ©lĂ©brer - vraiment, il le mĂ©rite - un ouvrage Ă©crit par quelqu'un qui travaille au Figaro et Ă  Valeurs actuelles. Peu me chaut. C'est un remarquable ouvrage, qui se lit comme un roman - le roman de la fin des fins, qui en ce sens nous tend un miroir terrifiant. Je l'ai lu alors que je mettais la derniĂšre main Ă  un livre Ă  sortir Ă  la rentrĂ©e, intitulĂ© Voltaire ou le djihad, et consacrĂ© Ă  la mort de la culture europĂ©enne. J'y ai trouvĂ© de quoi alimenter mes soupçons. Comme disait Platon dans La RĂ©publique "Lorsque les pĂšres s'habituent Ă  laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maĂźtres tremblent devant leurs Ă©lĂšves et prĂ©fĂšrent les flatter, lorsque finalement les jeunes mĂ©prisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus au-dessus d'eux l'autoritĂ© de rien ni de personne, alors c'est lĂ , en toute beautĂ© et en toute jeunesse, le dĂ©but de la tyrannie." Et les grandes invasions peuvent dĂšs lors commencer, l'empire ne contre-attaquera plus, il leur a ouvert la porte. Michel De Jaeghere, Les Derniers jours- La fin de l'Empire romain d'Occident, Les Belles Lettres, 2014. Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimitĂ© Vous lisez actuellement Brighelli - De quoi meurent les civilisations ? Rire - Les grands textes des Grecs et des Romains Amusons-nous avec les textes, prĂ©sentĂ©s dans ce Point RĂ©fĂ©rences par les meilleurs spĂ©cialistes de la littĂ©rature grecque et latine. GrĂące Ă  eux, le contexte historique et biographique des “private jokes” antiques devient clair, les subtilitĂ©s de la langue et de la mĂ©trique, aisĂ©es Ă  comprendre. 17 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă  la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă  la charte de modĂ©ration du Point. Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă  la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă  la charte de modĂ©ration du Point.
Lidée d'un déclin nécessaire et définitif de toute civilisation reflÚte une vision anthropomorphique de la société, que l'histoire ne dément pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul Valéry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre.
30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 0947 Un lecteur a laissĂ© un commentaire sur le post prĂ©cĂ©dent, dont la pertinence est telle qu'elle me parait mĂ©riter une rĂ©ponse dĂ©taillĂ©e en post principal. Je me permets d'en recopier les passages pertinents Gilles et skept J'ai trouvĂ© sur ce site depuis peu quelques personnes que je comprends enfin et qui pensent, comme moi, que l'Ă©puisement des Ă©nergies fossiles qui est certain Ă  Ă©chĂ©ance connue est probablement un problĂšme plus urgent et plus mobilisateur que le RCA qui reste complexe Ă  comprendre. Alors que les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien nous pousserait Ă  l'inverse. [ SIC la suite du commentaire me laisse penser que mon estimĂ© lecteur s'est un peu mĂ©langĂ© les pinceaux, il voulait dire probablement le contraire.... "comme nous y pousserait les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien ..! ] Alors j'en profite, et j'aurais quelques questions Ă  vous poser qui me tracassent depuis un moment sans que personne, dans mon entourage, ne comprenne mĂȘme de quoi je parle alors y rĂ©pondre,... pouvez vous m'aidez Ă  Ă©claircir mes idĂ©es ? 1Pourquoi, Ă  votre avis, cet emballement politico-mĂ©diatique mondial sur le C02 et cette quasi "omerta" sur le Peak-Oil un peu moins depuis 1 an toutefois ? alors mĂȘme que la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien nous pousserait au contraire 2Une question plus technique et moins cruciale que la 1°. Il semble y avoir sur ce blog une flopĂ©e de scientifiques, j'aimerai avoir leur avis sur la thĂ©orie de Svensmark Ă  propos de l'influence des rayonnements cosmiques sur la formation de nuages et donc sur le climat, la thĂ©orie est trĂšs "poĂ©tique" voire sĂ©duisante, Svensmark semble sĂ©rieux et compĂ©tent, mais je suis un peu mĂ©fiant vis Ă  vis de ses principaux promoteurs. Tient elle la route d'un point de vue scientifique ? .... Tout d'abord, Hema, comme on dit couramment Bienvenue au club ! Je vais d'abord rĂ©pondre rapidement Ă  l'hypothĂšse de Svensmark, qui a supposĂ© que l'activitĂ© solaire pouvait influencer la Terre en modulant le flux de rayonnement cosmiques frappant l'atmopshĂšre, ce qui changerait sa nĂ©bulositĂ© le mĂ©canisme Ă©tant donc assez complexe et loin de la simple augmentation de la puissance solaire actvitĂ© solaire-> plus grand champ magnĂ©tique-> moins de cosmique->moins de nuages-> plus de rayonnement arrivant au sol je n'ai pas d'avis a priori sur cette hypothĂšse; c'est une hypothĂšse Ă  Ă©tudier scientifiquement comme les autres. La critique principale est qu'il ne semble pas que les nuages soient influencĂ©s tant que ça par les rayons cosmiques, et de plus, les nuages peuvent avoir un effet inverse suivant leur composition et leur altitude, ils peuvent bloquer le rayonnement incident mais aussi augmenter l'effet de serre quand le ciel se couvre, il fait plus frais, mais une nuit nuageuse est moins froide qu'une nuit claire ! Mais il faut faire un certain nombre d'Ă©tudes complĂ©mentaires, dont l'expĂ©rience CLOUD, pour en ĂȘtre sĂ»r. On dĂ©couvrira peut etre aussi un autre phĂ©nomĂšne voisin mais diffĂ©rent dont on ne se doutait pas, ça arrive.... D'une façon gĂ©nĂ©rale, ces questions sont du ressort des climatologues, et je ne prĂ©tends pas l'ĂȘtre. L'avis que je donne ici est juste mon impression sur la "qualitĂ© gĂ©nĂ©rale" des preuves fournies, mais je respecte le travail des climatologues ayant Ă©tabli les faits dont il est question. Je suis Ă©galement assez mĂ©fiant vers les explications "c'est le Soleil", "c'est le mouvement des planĂštes", etc.. mon avis Ă©tant plutot qu'on donne trop confiance Ă  des explications dĂ©terministes par rapport Ă  la variabilitĂ© naturelle. Sur la question importante du "pourquoi", c'est Ă©galement une question que je me suis souvent posĂ©e. A priori, les deux crises, Ă©nergĂ©tiques et climatiques, jouent un rĂŽle comparable et devraient au moins le mĂȘme impact, mais en rĂ©alitĂ©, comme dit Hema, "les lois de la physique et un esprit cartĂ©sien" nous poussent Ă  donner un poids bien plus considĂ©rable Ă  l'effet des sources Ă©nergĂ©tiques sur notre sociĂ©tĂ© qu'aux variations climatiques. Toutes les corrĂ©lations connues montrent que le niveau de vie et les indicateurs humains pas seulement le PIB sont corrĂ©lĂ©s positivement Ă  la consommation Ă©nergĂ©tique, et ont peu Ă  voir avec la tempĂ©rature. On peut imaginer un seuil oĂč la variation climatique serait catastrophique, mais ce ne sont que des supputations tirĂ©es de thĂ©ories et de modĂšles informatiques compliquĂ©es, d'interprĂ©tation de donnĂ©es incertaines, alors que l'association entre sources d'Ă©nergie et niveau de vie est claire, Ă©vidente, historiquement, gĂ©ographiquement, et Ă©conomiquement clairement visible et incontestable. PrĂ©coniser de rĂ©duire les fossiles pour Ă©viter un changement de climat revient Ă  considĂ©rer qu' il est bien plus probable que nous sachions nous passer de fossiles plutot que nous sachions faire face aux consĂ©quences climatiques qu'ils produisent. Or cette assertion n'a strictement rien d'une Ă©vidence ! il ne s'agit pas ici de prouver qu'elle est fausse, il s'agit de s'interroger sur les bases sur lesquelles autant de gens l'adoptent comme une Ă©vidence, alors qu'il n'y a aucun fait clair qui le montre. De la mĂȘme façon que la question n'est pas de savoir si Dieu existe , mais de savoir pourquoi autant de gens y croient sans preuve, et de plus, curieusement, la plupart du temps sous la forme qui existe dans la sociĂ©tĂ© autour d'eux et pas sous la forme de ceux d'Ă  cĂŽtĂ© le trait le plus intrigant dans la religion n'est pas seulement la croyance, mais l'autocorrĂ©lation spatiale de cette croyance . C'est d'autant plus Ă©trange que non seulement il n'y a aucun fait qui le montre, mais que dans les pratiques Ă©conomiques, tout montre exactement le contraire. A commencer par le fait que nous cherchons constamment Ă  exploiter de nouvelles ressources fossiles, de plus en plus chĂšres et difficiles d'accĂšs, ce qui n'a aucun sens logique si la proposition prĂ©cĂ©dente est vraie, mais est totalement sensĂ© si elle est fausse. Bref le discours public AFFICHE une croyance et AGIT en fonction de la croyance inverse. Petit parallĂšle avec la religion on peut remarquer que beaucoup de reprĂ©sentants officiels de religions pronant en gĂ©nĂ©ral la simplicitĂ© et la pauvretĂ© volontaire n'ont pas rĂ©ellement agi comme si ils y croyaient eux-mĂȘmes ... Donc nous revenons Ă  la question d'Hema mais pourquoi afficher et "croire" la plupart du temps trĂšs sincĂšrement, lĂ  encore comme pour les religions autant Ă  une proposition si peu en rapport avec les faits connus, en en minimisant d'autres si Ă©videntes ? L'explication que je propose est qu'il y a une diffĂ©rence entre les deux dangers. Le danger Ă©nergĂ©tique, si nous ne savons pas le rĂ©soudre, est finalement mortel pour notre sociĂ©tĂ©. Si nous ne savons pas remplacer les fossiles, notre sociĂ©tĂ© s'Ă©teindra inexorablement, sous sa forme actuelle. Je ne parle pas du tout de disparition de l'humanitĂ©, je parle de la disparition du mode de vie qui caractĂ©rise la sociĂ©tĂ© moderne. Il porte donc en germe une idĂ©e insupportable, celle de la vieillesse et de la mort, une idĂ©e qui nous hante bien sĂ»r personnellement au cours de notre propre vie et que nous avons du mal Ă  admettre. Pire, il n'y a aucune morale derriĂšre ça. Ce n'est la faute de personne si les gisements s'Ă©puisent , ce sont des ressources finies, c'est tout. On pourrait ne plus les extraire, mais ça revient Ă  hĂąter la fin Ă  laquelle nous cherchons Ă  Ă©chapper. Il n'y a pas d'Ă©chappatoire. le danger Ă©nergĂ©tique nous met en face du tragique de l'existence humaine. Le danger climatique, lui , est bien diffĂ©rent. Nous y jouons un tout autre rĂŽle. Nous jouons un double jeu, doublement actif et non passif nous nous voyons comme la CAUSE principale de ce probleme, mais aussi comme le REMEDE potentiel. Nous sommes Ă  la fois une menace, et possiblement des hĂ©ros pouvant l'Ă©viter. Dans les deux cas, nous sommes maĂźtres de notre destin. MĂȘme notre caractĂšre menaçant flatte notre ego par notre capacitĂ© de nuisance - elle flatte notre illusion de toute puissance; le changement climatique met inconsciemment en scĂšne les histoires que nous aimons, les histoires de bons et de mĂ©chants, de Dr Jekyll et Mr Hyde, de Dark Vador et de Luke Skywalker. Elle parle Ă  notre inconscient. elle nous met au centre actif de l'histoire. Il est d'ailleurs frappant qu'une partie importante de la communautĂ© "piquiste" a developpĂ© une philosophie "survivaliste", ce qui permet de 'redramatiser" l'histoire. Le peak oil est alors perçu comme une catastrophe soudaine, plongeant le monde dans le chaos, un monde Ă  la Mad Max. LĂ  encore, cette mise en scĂšne permet de s'identifier au hĂ©ros solitaire, seul contre les Ă©lĂ©ments hostiles, et redonne une gratification narcissique Ă  notre individu si nous ne sommes pas capables de sauver la sociĂ©tĂ©, alors au moins, qu'on nous donne un rĂŽle qui nous permette de nous sauver nous-mĂȘmes ! Cependant, en gĂ©nĂ©ral, les gens prĂ©fĂšrent de beaucoup penser que nous trouverons des solutions techniques Ă  l'Ă©puisement des fossiles, mais qu'il ne tient qu'Ă  nous de le faire. D'oĂč la floraison dans l'esprit du public de toutes ces croyances Ă  l'existence de "solutions miracles" souvent inventĂ©es par des inventeurs gĂ©niaux et solitaires, persĂ©cutĂ©s par de grandes compagnies pĂ©troliĂšres et des Ă©tats accapareurs de taxes sur les carburants ..., et une tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale du "si on veut on peut" dans tous les discours publics. Nous n'aimons pas qu'on nous dise que nous vieillissons, et encore moins que nous allons mourir, alors que ce sont deux certitudes incontestables. Seul le discours climatique nous permet de mettre en scĂšne les histoires que nous aimons nous raconter. Peut ĂȘtre faudrait-il changer la phrase de Paul ValĂ©ry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", en "Nous autres, civilisations, nous ne savons toujours pas que nous sommes mortelles " ... ???? Published by climatenergie - dans SociĂ©tĂ©
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nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles