end Les missions et les activitĂ©s sâexercent dans le cadre dĂ©ontologique de la mĂ©diation sociale (confidentialitĂ© notamment), en rĂ©fĂ©rence Ă la charte visĂ©e par le comitĂ© interministĂ©riel des villes du 1er Octobre 2001 et Ă celle dĂ©finie dans la norme AFNOR "cadre du mĂ©tier de la mĂ©diation sociale". Objectifs de la formation
Sommaire du Guide d'utilisation SOMMAIRE I- Introduction et dispositions diverses A. Préambule B. Nature et objet de la charte C. Champ d'application de la charte D. Modalités de révision de la charte II- Rappel des textes incriminant le harcÚlement et la violence au travail A. Ce que prévoit le Code du travail 1. Le harcÚlement moral 2. Le harcÚlement sexuel B. Ce que précise l'ANI du 26 mars 2010 sur le harcÚlement et la violence au travail III- Procédure à suivre en cas de situation de harcÚlement et de violence au travail ou de situation à risques A. L'identification des interlocuteurs B. Le traitement de la plainte C. La procédure de médiation D. Le rÎle spécifique des services de santé au travail IV- Dispositifs de prévention mis en place au sein de l'entreprise A. Information sur les droits et devoirs de chacun B. Protection des salariés victimes C. Encouragement de la communication orale D. Mise en place de réunions spécifiques E. Formation à la conduite des équipes V- Sanctions encourues en cas de harcÚlement et de violence au travail A. Les sanctions pénales B. Les sanctions disciplinaires VI- Affichage et entrée en vigueur de la charte
LaMĂ©diation Sociale Site de rĂ©fĂ©rence : experts de douze pays europĂ©ens se sont rĂ©unis au Festival International de la Ville de septembre 2000 Ă CrĂ©teil, et se sont accordĂ©s sur une dĂ©finition commune de la mĂ©diation sociale. Il sâagit dâun : « processus de crĂ©ation et de rĂ©paration du lien social et de rĂšglements des conflits de la vie
LâactivitĂ© de mĂ©diation sociale de lâassociation Vivre la Ville est rĂ©alisĂ©e conformĂ©ment Ă la norme NF X 60-600 de mĂ©diation sociale. Cette norme est un cadre professionnel de rĂ©fĂ©rence qui nous permet de garantir le professionnalisme et la qualitĂ© des interventions de mĂ©diation sociale, mais aussi de nous inscrire dans une dĂ©marche dâamĂ©lioration continue. La mĂ©diation sociale est dĂ©finie en 2000 par une dĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă la ville La mĂ©diation sociale est un processus de crĂ©ation et de rĂ©paration du lien social et de rĂšglement des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indĂ©pendant tente, Ă travers lâorganisation dâĂ©changes entre les personnes ou les institutions, de les aider Ă amĂ©liorer une relation ou de rĂ©gler un conflit qui les oppose. » Les deux principes directeurs de la mĂ©diation sociale sont Cette dĂ©finition est complĂ©tĂ©e par les deux grands principes de la mĂ©diation sociale La norme dĂ©finit comme suit les modalitĂ©s dâintervention des mĂ©diateurs sociaux Assurer une prĂ©sence active de proximitĂ© ;PrĂ©venir et gĂ©rer les situations conflictuelles ;Lever les incomprĂ©hensions entre les personnes et institutions ;Participer Ă une veille sociale et technique du territoire ;Mettre en relation avec un partenaire ;Faciliter la concertation entre les habitants et les institutions ;Favoriser les projets collectifs, support de mĂ©diation sociale ;Informer, sensibiliser et former. Ces modalitĂ©s dâintervention sont rĂ©alisĂ©es dans le respect des principes du cadre dĂ©ontologique de la mĂ©diation sociale. Ils garantissent le processus de mĂ©diation Libre consentement et participation des parties prenantes ;IndĂ©pendance ;DiscrĂ©tion et confidentialitĂ© ;Protection des droits et des personnes et le respect des droits fondamentaux. Et la posture du mĂ©diateur Position de tiers ;ImpartialitĂ© ;ResponsabilitĂ© et autonomie des personnes en mĂ©diation sociale ;PossibilitĂ© de refuser ou de se retirer dâune mĂ©diation sociale ;RĂ©flexion sur sa pratique professionnelle.Unepratique amĂ©liorĂ©e du pacte social : pour lutter contre lâignorance, en 1793, la Convention invente le droit Ă lâinstruction qui la rend obligatoire ; en 2013, la Chambre Professionnelle de la MĂ©diation et de la NĂ©gociation sâengage pour que, au lieu du principe de servitude qui contraint tout justiciable, la mĂ©diation professionnelle offre un droit reconnu, le droit Ă la
Cadre de rĂ©fĂ©rence du service de mĂ©diation offert par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. On y prĂ©sente la dĂ©finition et les objectifs de la mĂ©diation, les rĂŽles et devoirs des mĂ©diateurs et mĂ©diatrices, ainsi que le dĂ©roulement d'une mĂ©diation. THĂMES Droits de la personne TYPES Politiques et directives Documents administratifs
Propositionde Charte de la MĂ©diation pour la prĂ©vention et la rĂ©solution amiable des conflits sociaux LâEtat, les entreprises publiques et les organisations syndicales sont conscientes : âą que la grĂšve est la consĂ©quence dâune situation dĂ©gradĂ©e et dâun dialogue social insuffisant ; âą quâil est de lâintĂ©rĂȘt de tous de prĂ©venir les contentieux et de rĂ©soudre leursIntroduction1Parmi les mĂ©tiers de lâintervention sociale de rĂ©centes fonctions de mĂ©diation se sont largement dĂ©veloppĂ©es depuis une dĂ©cennie. AssumĂ©es la plupart du temps par des personnes intervenant dans les quartiers dits difficiles, ces fonctions renvoient Ă une relative hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques et Ă une pluralitĂ© des dĂ©nominations de leurs acteurs mĂ©diateur social, mĂ©diateur socioculturel, agents locaux de mĂ©diation sociale⊠Le caractĂšre nĂ©buleux » de la mĂ©diation en milieu urbain et les qualifications plurielles sâexpliquent en grande partie par la nature disparate et diffuse dâinitiatives le plus souvent locales, improvisĂ©es, en fonction des contingences institutionnelles ou dans le cadre des dispositifs de type emplois-jeunes ». Renforçant cette indĂ©termination, la mĂ©diation sociale ne se rĂ©fĂšre pas non plus Ă une formalisation juridique comme celle existant dans le champ pĂ©nal et familial [1] ; câest dire toute la place laissĂ©e Ă lâimprovisation pour ces expĂ©riences. En considĂ©rant les limites dâun tel exercice, il est pourtant possible de proposer une typologie qui permette de rendre cette nĂ©buleuse plus intelligible. 2Notre souci ne visera pas ici Ă dĂ©terminer les critĂšres de mĂ©rite des appellations, mais Ă prendre en compte les expĂ©riences de mĂ©diation qui se prĂ©sentent comme telles, mĂȘme si nous sommes conscient quâil existe des enjeux autour de ces dĂ©nominations et que le terme de mĂ©diation » est parfois utilisĂ© comme un label pour dĂ©signer des pratiques sociales considĂ©rĂ©es abusivement comme innovantes. Au lieu de partir dâune dĂ©finition de la mĂ©diation et dâen apprĂ©cier les expĂ©riences Ă partir de critĂšres prĂ©dĂ©finis, Ă lâinstar de la trĂšs grande majoritĂ© des travaux français sur la question, nous proposons, Ă lâinverse, de considĂ©rer de maniĂšre inductive les principales modalitĂ©s dans lesquelles se dĂ©veloppent en milieu urbain ces actions dites de mĂ©diation. Plus succinctement, cette dĂ©marche consiste Ă identifier les diverses pratiques dâintervention et Ă en dĂ©gager certains processus rĂ©currents. Elle permet de proposer non pas a priori mais a posteriori une typologie construite Ă partir des traits typiques de lâobjet Ă©tudiĂ© cf. encadrĂ© 1. Pour ce faire, nous restituons dans cet article plusieurs niveaux de comprĂ©hension qui exigent que nous dĂ©crivions attentivement, dans un premier temps, les principales composantes de la mĂ©diation sociale telles quâelles se dĂ©clinent dans les pratiques. Nous proposons ensuite une typologie des expĂ©riences de mĂ©diation sociale en considĂ©rant la nature du conflit comme critĂšre dĂ©terminant. Enfin, nous nous intĂ©ressons aux rĂ©centes activitĂ©s de mĂ©diation sociale mises surtout en Ćuvre dans le cadre des dispositifs dâemplois aidĂ©s. Nous tenterons alors de porter un regard sur les implications que soulĂšvent certaines problĂ©matiques liĂ©es notamment aux questions de compĂ©tence et dâ 2 MĂ©thodologie [2]Ă partir dâune problĂ©matique phĂ©nomĂ©nologique fondĂ©e sur les rationalisations et les perceptions agissantes des mĂ©diateurs, nous avons utilisĂ© plusieurs outils dâinvestigations pour apprĂ©hender ce champ de la investigations se sont traduites par un travail dâobservation participante 40 mĂ©diations dites sociales ;une Ă©tude documentaire dĂ©taillĂ©e analyse des bilans, fiches de poste, Ă©crits professionnels, textes lĂ©gaux⊠;et une enquĂȘte par questionnaire N. 68.AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© une Ă©tude comparative fondĂ©e sur une analyse qualitative et quantitative des donnĂ©es composĂ©es de questions ouvertes et fermĂ©es, nous avons menĂ© vingt-cinq entretiens semi-directifs avec des mĂ©diateurs sociaux en rĂ©gion lyonnaise et composantes de lâintervention en mĂ©diation sociale3Les dispositifs de mĂ©diation prĂ©sentent la constante dâĂȘtre un mode de rĂ©gulation relationnel [3]. Ils jouissent en cela dâune connotation positive en incarnant une idĂ©alisation des rapports sociaux. Leur but est, dâune part, de rĂ©tablir par la prĂ©sence dâun tiers les communications nĂ©cessaires Ă une meilleure entente des parties et, dâautre part, dâapaiser ou de modifier une situation antĂ©rieure jugĂ©e insatisfaisante. Plus singuliĂšrement, les projets de mĂ©diation sociale sont le plus souvent financĂ©s par des politiques publiques contrat de ville, contrats locaux de sĂ©curitĂ© CLS, subventions municipalesâŠ. Dans la pratique cela se traduit par lâinstauration de mĂ©diateurs de quartier expĂ©rience de Valence, de mĂ©diateurs sociaux expĂ©rience de Lyon, de mĂ©diateurs de voisinage expĂ©rience de Thionville, dâagents locaux de mĂ©diation sociale dispositif national⊠MalgrĂ© la variabilitĂ© sĂ©mantique des dĂ©signations, la mĂ©diation sociale se caractĂ©rise par la spĂ©cificitĂ© de son champ dâintervention quartiers, villes, par sa mission spĂ©cifique de lutte contre la dĂ©sagrĂ©gation sociale et, enfin, par la nature des conflits problĂšmes de voisinage, relations difficiles entre plusieurs parties, actes dâincivilitĂ©âŠ. 4La mĂ©diation sociale se justifie par rapport Ă un dysfonctionnement communicationnel entre des habitants dâune territorialitĂ© circonscrite plus ou moins repĂ©rable. Elle a pour cadre contextuel une situation urbaine dite difficile problĂšme de dĂ©linquance, forte proportion de chĂŽmeurs, surreprĂ©sentation de populations immigrĂ©es, insalubritĂ© de lâhabitat collectifâŠ. Le repli social, la crainte de lâautre, le sentiment dâinsĂ©curitĂ©, le jeu avec les rĂšgles de civilitĂ© considĂ©rĂ©es indispensables pour le maintien de la cohĂ©sion sociale sont dĂ©sormais les habituels constats portĂ©s sur ces quartiers fragilisĂ©s. Constats tant de fois rebattus quâun qualificatif semble suffire pour prĂ©senter les principaux attributs de ces quartiers en dĂ©rive ». 5Les dispositifs de mĂ©diation sociale visent aussi Ă trouver des solutions aux conflits et Ă permettre une rĂ©gulation sociale [4], diffĂ©rente de celle mise en Ćuvre dans le secteur du travail social traditionnel ou au sein de lâinstitution judiciaire. Ces dispositifs proposent des procĂ©dures et des principes de rĂ©gulation dans un environnement souvent qualifiĂ© de non-droit ». LâineffectivitĂ©, supposĂ©e ou rĂ©elle, de la rĂ©gulation par le droit gĂ©nĂšre alors une rĂ©gulation proche, souvent indigĂšne et Ă©loignĂ©e du systĂšme judiciaire instituĂ©. Dâune rĂ©gulation globale, on passe Ă une rĂ©gulation locale, micro-urbaine assurĂ©e par des associations comptant jouer un rĂŽle de premier ordre dans la rĂ©gulation des rapports sociaux. La mĂ©diation sociale nâinterpelle pas seulement lâinstitution judiciaire, mais aussi les modes traditionnels de lâaction sociale. Les justifications dâordre sociologique, de lâaffaiblissement des instances de rĂ©gulation apparaissent alors comme des arguments supplĂ©mentaires en faveur de la mĂ©diation dans les quartiers Ben Mrad, 2002, p. 142.Enfin, la mĂ©diation sociale traite prioritairement des actes dâincivilitĂ©s portant sur les biens et les personnes ainsi que de certains actes de dĂ©linquance pouvant faire lâobjet de poursuites pĂ©nales. La caractĂ©risation de la nature du conflit est relativement difficile Ă apprĂ©cier dans la mesure oĂč la frontiĂšre entre acte dâincivilitĂ© et acte de dĂ©linquance nâest pas toujours pertinente. La plupart des actes dâincivilitĂ© sont des actes non rĂ©primĂ©s mais pour lesquels il existe une qualification juridique. En mĂȘme temps, certains de ces actes peuvent difficilement faire lâobjet de poursuites en raison, dâune part, dâune quasi-impossibilitĂ© de lâapplication des rĂšgles de droit absence de preuves, absence de signalement ou de prise en compte de ce signalement par les autoritĂ©s compĂ©tentes, indĂ©termination des personnes mises en cause⊠Dâautre part, la nature des diffĂ©rends est plus proche de comportements asociaux que dĂ©linquants rassemblement de jeunes dans certains lieux du quartier crĂ©ant ainsi des nuisances de diffĂ©rentes natures, provocations verbales et physiques, invectives [5]⊠Les services de police ne jouent dâailleurs quâun rĂŽle trĂšs limitĂ© pour faire face Ă ces conflits qui rĂ©vĂšlent souvent un manque de dialogue entre habitants. Ce rĂŽle se cantonne le plus souvent Ă un rappel des rĂšgles de bon voisinage suivi dâun rappel des consĂ©quences rĂ©pressives en cas de pourrait schĂ©matiquement considĂ©rer que les actes de dĂ©linquance recouvrent la plupart du temps des faits pĂ©nalement sanctionnables, alors que dans les actes dâincivilitĂ©, les dĂ©lits sont difficiles Ă apprĂ©cier en raison mĂȘme de leur caractĂšre indiscernable. LâincivilitĂ© renvoie Ă des comportements plus proches dâune transgression des normes de cohabitation communĂ©ment admises que dâune transgression de la norme pĂ©nale. Ă la limite de la lĂ©galitĂ©, lâincivilitĂ© concerne donc les actes et les comportements entravant la vie en collectivitĂ©, pour lesquels le plus souvent il nâexiste pas de dĂ©pĂŽt de plaintes. Ces actes dâincivilitĂ© ont toutefois pour effet de conforter les exaspĂ©rations et les jugements Ă lâĂ©gard des auteurs supposĂ©s ou rĂ©els. Ils participent Ă favoriser les sentiments plus ou moins diffus dâinsĂ©curitĂ© et contribuent ainsi Ă renforcer les processus de stigmatisation sociale en direction des quartiers oĂč ces phĂ©nomĂšnes seraient plus observables quâailleurs. RĂ©futant les approches purement dissuasives et rĂ©pressives, tendant Ă mettre Ă lâĂ©cart les personnes concernĂ©es, les principes de mĂ©diation affirment au contraire que la participation des protagonistes Ă la rĂ©solution de leurs diffĂ©rends et Ă la restauration des liens sociaux permet de rĂ©duire ces actes dâincivilitĂ©. La mĂ©diation apporte une rĂ©ponse en montrant quâil nâexiste pas rĂ©ellement dâinstrument de lutte contre ces phĂ©nomĂšnes dâincivilitĂ© sans lâimplication des de clarification du champ de la mĂ©diation sociale6Il est difficile de dĂ©limiter le champ de la mĂ©diation Ă partir des usages professionnels de ce terme. En effet, lâinflation quâil connaĂźt dans les domaines les plus divers contribue fortement Ă gĂ©nĂ©rer des frontiĂšres relativement permĂ©ables et donc imprĂ©cises. Dans le champ social, ce terme est tantĂŽt utilisĂ© pour dĂ©signer des pratiques occasionnelles de certains professionnels concierges, travailleurs sociaux, policiersâŠ, tantĂŽt il est employĂ© pour dĂ©nommer le mĂ©tier ou lâactivitĂ© principale de ce mĂ©tier. Câest cette derniĂšre acception qui retient ici notre attention puisquâil ne sâagit pas de comprendre la nature des fonctions de mĂ©diation attachĂ©es aux mĂ©tiers existants mais de nous intĂ©resser aux expĂ©riences de mĂ©diation qui se qualifient comme telles pour dĂ©crire lâensemble de leur activitĂ©. Dans ce cadre, les mĂ©diateurs sociaux sont rarement recrutĂ©s Ă partir dâune qualification sanctionnĂ©e par un diplĂŽme mais sur un savoir ĂȘtre, câest-Ă -dire essentiellement sur des qualitĂ©s personnelles dâĂ©coute et de maĂźtrise de soi. Au contraire des mĂ©diateurs familiaux, ils ont un mode dâexercice trĂšs liĂ© Ă leurs compĂ©tences ordinaires et expĂ©rientielles, et bĂ©nĂ©ficient au mieux dâune initiation trĂšs courte Ă la mĂ©diation. Tous doivent donc plus compter sur une certaine autonomie individuelle que sur un corps constituĂ© et stabilisĂ© de savoirs. Les activitĂ©s de mĂ©diation sociale se dĂ©clinent ordinairement autour de deux types dâintervention cf. tableau 1 les expĂ©riences de rĂ©gulation strictement orientĂ©es vers la rĂ©solution des conflits 1er type et les expĂ©riences pour lesquelles il sâagit moins de dĂ©samorcer les conflits que dâendiguer les conduites inciviles et de rĂ©tablir le sentiment de sĂ©curitĂ© 2e type.Tableau 1Typologie des figures de la mĂ©diation sociale en FranceTypologie des figures de la mĂ©diation sociale en France7Les expĂ©riences du premier type concernent souvent des mĂ©diations qui ont pour origine un conflit manifeste et dont la finalitĂ© vise une action rĂ©paratrice. Historiquement, câest ce type de mĂ©diation qui est dâabord apparu en France au milieu des annĂ©es quatre-vingt. Moins diffus que la plupart des expĂ©riences de mĂ©diation sociale dâaujourdâhui, il relĂšve non pas de dispositifs nationaux de type emplois-jeunes », mais dâexpĂ©riences locales Ă©manant de professionnels de la justice ou de militants associatifs. Cette mĂ©diation se dĂ©finit par un mode dâexercice conçu Ă partir de son immersion dans le social et obĂ©it Ă une logique du bas vers le haut » bottom up », câest-Ă -dire que la fonction de justice est ici exercĂ©e Ă partir dâune reconnaissance acquise sur une territorialitĂ© trĂšs circonscrite, Ă lâĂ©chelle dâun quartier ou dâune ville Commaille, 2000. Les mĂ©diateurs sont trĂšs majoritairement bĂ©nĂ©voles, souvent ĂągĂ©s pour la plupart Ă la retraite, ils appartiennent plutĂŽt aux catĂ©gories socioprofessionnelles moyennes ou supĂ©rieures. Dans ce type de mĂ©diation, lâobjectif est, pour reprendre une cĂ©lĂšbre phrase de G. Apap [6], de restituer le conflit au groupe qui lâa sĂ©crĂ©tĂ© » et non de proposer une Ă©niĂšme solution dâordre juridique dont les consĂ©quences ne font quâaggraver les petits diffĂ©rends qui empoisonnent la vie de la citĂ© petites dĂ©gradations, bruits, problĂšmes relationnelsâŠ. La spĂ©cificitĂ© de ces actions de mĂ©diation sociale repose sur le souci de favoriser la participation des habitants dans la gestion des conflits et sur la volontĂ© de rĂ©pondre, en dehors des tribunaux, Ă une demande de rĂ©gulation au sein des quartiers. Le travail du mĂ©diateur consiste alors Ă aider les parties Ă rĂ©gler leur litige en sâappuyant essentiellement sur les principes dâĂ©quitĂ©, de neutralitĂ© et de responsabilisation. Classiquement, la procĂ©dure de mĂ©diation de ce premier type comporte diverses Ă©tapes relativement formalisĂ©es oĂč les mĂ©diateurs reçoivent sĂ©parĂ©ment puis conjointement les parties en conflit [7]. Il existe Ă©videmment de multiples variantes mĂ©diation directe, mĂ©diation indirecteâŠ, mais les objectifs dans les diffĂ©rentes phases de la mĂ©diation consistent, tout en identifiant prĂ©cisĂ©ment les rĂ©criminations, Ă amener les parties Ă signer ou Ă sâengager explicitement sur des compromis fondĂ©s sur des rĂšgles dâĂ©quitĂ© quâelles auront dĂ©gagĂ©es de leurs discussions. Ces derniĂšres doivent trouver elles-mĂȘmes les solutions correspondant Ă la mise en Ćuvre de leur accord puisque le mĂ©diateur, en sâappuyant sur les principes de neutralitĂ© et dâimpartialitĂ©, nâest pas un arbitre mais une tierce personne qui contribue Ă la prĂ©vention et Ă la rĂ©solution des diffĂ©rends. La promotion des modes de saisine fondĂ©s sur le volontariat est un autre principe essentiel qui permet de susciter la libre adhĂ©sion pour parvenir au consentement mutuel des mĂ©diĂ©s » et ainsi favoriser la restauration du lien social. Les mĂ©diateurs visent alors lâamĂ©lioration des relations entre les parties en sâobligeant Ă dĂ©passer lâexposĂ© contradictoire des faits dĂ©signant, Ă lâinstar du procĂšs, victime et mis en cause. ConformĂ©ment Ă la philosophie traditionnelle de la mĂ©diation, les mĂ©diateurs essaient de parvenir Ă la rĂ©solution du conflit en permettant la comprĂ©hension mutuelle des protagonistes et en incluant dans les protocoles dâaccord, les rĂšgles futures de expĂ©riences de mĂ©diation fonctionnent la plupart du temps en binĂŽme. Chacun des mĂ©diateurs agit en fonction de multiples dĂ©terminations position, personnalitĂ©, interrelationsâŠ, mais leurs fonctions sâorganisent autour de leur degrĂ© respectif dâimplication dans la mĂ©diation. GĂ©nĂ©ralement, lâun joue un rĂŽle actif en intervenant dans la nĂ©gociation, lâautre, plus en retrait des Ă©changes, se place en position dâobservateur. Cette configuration trĂšs courante permet traditionnellement dâinstaurer un autocontrĂŽle et de bĂ©nĂ©ficier des contributions mutuelles que sâapportent les mĂ©diateurs entre eux. Pour reprendre une distinction faite par L. A. Coser Ă propos des formes de conflits 1982, on peut avancer que dans ce type de mĂ©diation, le travail du mĂ©diateur tend plutĂŽt Ă rĂ©guler des conflits rĂ©alistes, câest-Ă -dire des diffĂ©rends provoquĂ©s par des heurts dâintĂ©rĂȘts matĂ©riels ou des heurts de personnes relationnels et dont il existe des solutions possibles et tangibles pour les dĂ©nouer conflits de voisinage, bruits, nuisances diversesâŠ. Ces conflits rĂ©alistes peuvent ĂȘtre rĂ©solus Ă partir du moment oĂč les parties parviennent Ă un rĂ©sultat mutuellement partagĂ©. Ce rĂ©sultat est dâautant plus envisageable que lâobjet du conflit sâavĂšre relativement bien dĂ©fini, ce qui nâempĂȘche pas une objectivation le plus souvent antagoniste de son contenu. On pourrait dire quâil existe dans ces conflits rĂ©alistes un fait litigieux bien identifiĂ© mĂȘme sâil fait lâobjet dâinterprĂ©tations pouvant ĂȘtre opposĂ©es et contradictoires. Les parties sont alors motivĂ©es par des solutions qui correspondent Ă leurs attentes et qui permettent un dĂ©nouement partiel ou complet, momentanĂ© ou durable de leur mĂ©diation sociale orientĂ©e vers une restauration plus globale des rapports sociaux8Les mĂ©diations sociales concernent Ă©galement des modes de rĂ©gulation de situations dans lesquelles le conflit nâest pas toujours avĂ©rĂ© ou perceptible. Elles se dĂ©roulent dans le cadre de dispositifs sociaux de type adultes relais ou de type emplois-jeunes appelĂ©s dans certains cas agents locaux de mĂ©diation sociale » ALMS et, dans dâautres mĂ©diateurs de quartiers ». GĂ©nĂ©ralement il sâagit de mĂ©diateurs relativement prĂ©carisĂ©s, Ćuvrant dans le cadre des dispositifs dâemplois aidĂ©s » destinĂ©s Ă lutter contre lâexclusion et lâabsence de communication dans les quartiers dĂ©favorisĂ©s. Ă lâimage des ALMS et dâautres expĂ©riences de mĂ©diation conçues dans le cadre de la politique de la Ville â notamment les contrats de ville et les contrats locaux de sĂ©curitĂ© â câest surtout Ă partir de 1998 que nous avons assistĂ© Ă lâavĂšnement de ces nouveaux acteurs de proximitĂ©. Ces dispositifs ont Ă©tĂ© impulsĂ©s par lâĂtat et renvoient donc Ă un modĂšle de la fonction de justice obĂ©issant Ă une logique top down » du haut vers le bas » basĂ©e sur une conception jacobine de la rĂ©gulation Commaille, 2000. Ici, les mĂ©diateurs ont pour mission gĂ©nĂ©rale de participer Ă lâamĂ©lioration des relations sociales en Ćuvrant autour de trois grands pĂŽles dâintervention lâanimation Ă visĂ©e prĂ©ventive dans les domaines sportifs, culturels et Ă©ducatifs ; le dialogue entre les populations et les acteurs institutionnels transports publics, EDF, police⊠; enfin la prĂ©sence dissuasive dans les pĂ©rimĂštres dits sensibles. Autrement dit, leurs fonctions sâarticulent autour de dimensions prĂ©ventives, relationnelles et sĂ©curitaires et ont pour objectif de renforcer les liens sociaux et dâamĂ©liorer les formes de sociabilitĂ© entre les personnes [8]. Dans ce cadre, la mĂ©diation se conçoit en dehors de lâexistence dâun conflit manifeste puisquâelle est plutĂŽt orientĂ©e vers une restauration plus globale des rapports sociaux. Pour reprendre notre distinction, ces mĂ©diations tendent Ă traiter et Ă agir sur les conflits non rĂ©alistes. Si, comme nous lâavons montrĂ©, les approches traditionnelles de mĂ©diation sociale ambitionnent plutĂŽt de rĂ©guler des conflits dits rĂ©alistes, câest-Ă -dire de sâintĂ©resser Ă des conflits oĂč il existe un ou des objets sur lesquels porte la discorde ; ces dispositifs â majoritairement rĂ©cents â visent plutĂŽt Ă attĂ©nuer, voire Ă supprimer, les manifestations agressives et inciviles dans lesquelles les conflits dâintĂ©rĂȘts, Ă proprement parler, nâexistent rĂ©duire les tensions et pour lutter contre les attitudes inciviles autour de certains lieux, les mĂ©diateurs exercent leur activitĂ© aux abords dâĂ©tablissements publics Ă©coles, piscines, mairies⊠ou encore dans les transports en commun. Cette activitĂ© consiste la plupart du temps Ă rappeler les rĂšgles de bonne conduite. Lâexemple le plus typique Ă©tant les dĂ©gradations matĂ©rielles des parties communes dâune HLM ou les dĂ©tĂ©riorations des biens publics dans une citĂ© abris bus, cabines tĂ©lĂ©phoniques⊠Les objets ne constituent pas alors les raisons de la dispute mais ils apparaissent propres Ă libĂ©rer lâagressivitĂ©. Les difficultĂ©s de rĂ©gulation dans ces conflits non rĂ©alistes rĂ©sident dans lâabsence dâidentification de lâobjet rĂ©el du litige ibid., p. 33. Le choix des objets nâapparaĂźt dĂšs lors pas directement liĂ© Ă une question en litige, mais Ă la libĂ©ration de tensions agressives ou belliqueuses, se traduisant par ce que certains appellent de la violence gratuite [9] ». Le manque de prise » en raison dâune absence dâobjectif clair et dâobjet prĂ©cis du litige, caractĂ©rise donc ce type de conflit. Coser souligne au sujet de ces conflits que bien quâils puissent faire intervenir lâaction rĂ©ciproque de deux ou plusieurs personnes, ils ne sont pas occasionnĂ©s par des rivalitĂ©s antagonistes, mais par le besoin de libĂ©rer une tension qui existe au moins chez lâun dâentre eux » ibid., p. 34. Ces conflits non rĂ©alistes surgissent dans les situations de privations et de frustrations socio-Ă©conomiques des personnes et dont les effets se rĂ©percutent sur leurs modes de socialisation. Du cĂŽtĂ© des mĂ©diĂ©s », il nâest pas sĂ»r en consĂ©quence que les acteurs dâactes de dĂ©gradation ou dĂ©lictuels soient convaincus que leur situation sociale justifient une mĂ©diation puisque celle-ci ne leur permettra pas de changer leur condition dâ entre les deux dimensions de la mĂ©diation sociale9Il convient de souligner que notre distinction des mĂ©diations sociales, opĂ©rĂ©e Ă partir de la caractĂ©risation des conflits ne doit pas ĂȘtre comprise de maniĂšre rigide. MĂȘme si cette diffĂ©renciation semble relativement appropriĂ©e pour spĂ©cifier les diffĂ©rentes expĂ©riences du champ de la mĂ©diation sociale, nous sommes conscient quâil existe dans la rĂ©alitĂ© de nombreuses interfĂ©rences entre conflits rĂ©alistes et conflits non rĂ©alistes. La nature des conflits cf. tableau 2 rĂ©vĂšle quâils ne recouvrent pas toujours une seule dimension mais peuvent au contraire se dĂ©finir par leurs caractĂšres complexes, composites et enchevĂȘtrĂ©s. Il apparaĂźt alors que dans les conflits rĂ©alistes peuvent se surajouter des Ă©lĂ©ments non rĂ©alistes ; Ă lâinverse les conflits non rĂ©alistes peuvent ĂȘtre exploitĂ©s » Ă des fins rĂ©alistes Coser, 1982, p. 41.Tableau 2Nature des conflits en mĂ©diation socialeNature des conflits en mĂ©diation sociale10Le premier cas de figure â existence dâimbrication dâĂ©lĂ©ments non rĂ©alistes Coser, 1982, p. 41 venant se cristalliser sur un conflit rĂ©aliste âse rencontre dans les discordes qui font lâobjet dâune mĂ©diation. Face Ă ce type de situation par exemple dans les diffĂ©rends de voisinage, le souci du mĂ©diateur sera dâencourager lâabandon des dimensions passionnelles et agressives qui sont apparues et se sont exprimĂ©es au cours des interactions entre les parties. Câest surtout lors des diffĂ©rentes rencontres sĂ©parĂ©es ou conjointes du mĂ©diateur avec les mĂ©diĂ©s », que celui-ci rappelle dans sa dĂ©marche de prĂ©sentation, les rĂšgles de bienveillance et de rejet des conduites belliqueuses nĂ©cessaires Ă un dialogue qui se centre sur les griefs respectifs des interactants et non sur les dĂ©bordements passionnels consĂ©cutifs Ă la situation de conflit. La politesse, lâabsence dâagression verbale et physique, le respect dâautrui font partie de ce cadre que le mĂ©diateur entend prĂ©server pour envisager la prise en compte de lâobjet du conflit. Dâailleurs beaucoup de mĂ©diateurs sociaux intervenant dans ce contexte jugent quâils ne sont pas compĂ©tents pour intervenir dans dâautres champs de la mĂ©diation oĂč le conflit est fortement empreint dâĂ©lĂ©ments non rĂ©alistes. Pour eux, ces champs, Ă lâinstar de la mĂ©diation familiale, demandent des compĂ©tences qui vont bien au-delĂ du respect des principes fondamentaux de la mĂ©diation neutralitĂ©, impartialitĂ©, responsabilisation des parties⊠et requiĂšrent par consĂ©quent des capacitĂ©s singuliĂšres pour dĂ©nouer les imbroglios et les complications liĂ©s aux dimensions affectives, familiales et sociales des diffĂ©rends. MĂȘme si les qualitĂ©s dâĂ©coute leur paraissent indispensables pour bien comprendre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du conflit et identifier les moyens les plus adĂ©quats pour y mettre fin, la lecture des affaires se concentre sur les Ă©lĂ©ments objectifs » du conflit, câest-Ă -dire sur lâidentification prĂ©cise des rĂ©criminations discernables et tangibles et non, comme le prĂ©cise un mĂ©diateur, sur tous les problĂšmes qui noient le conflit dans les dĂ©bordements personnels et les difficultĂ©s sociales des gens ». Cette identification dĂ©barrassĂ©e, dans la mesure du possible, de ses Ă©lĂ©ments non rĂ©alistes per-met de mieux baliser le cadre des interactions. Ici, la prĂ©occupation du mĂ©diateur sera donc dâĂ©carter au moins momentanĂ©ment ces expressions du conflit car peu rationnelles et apparaissant souvent comme une entrave supplĂ©mentaire Ă sa rĂ©solution. Il sait que lâabsence ou lâinsuffisance dâun Ă©tayage visant Ă prĂ©parer les modalitĂ©s de nĂ©gociation entre les mĂ©diĂ©s » sont consĂ©cutives dâune accumulation de donnĂ©es non rĂ©alistes difficilement objectivables dans la formalisation des accords. 11Le second cas de figure â situation enchevĂȘtrĂ©e caractĂ©risĂ©e par un conflit non rĂ©aliste se prolongeant par des revendications de type rĂ©aliste â se rencontre relativement couramment dans les problĂ©matiques urbaines. Les actes gratuits » de dĂ©gradations câest-Ă -dire sans motif apparent commis par des adolescents et utilisĂ©s par eux comme un Ă©lĂ©ment de preuve de la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er de nouveaux Ă©quipements socioculturels est un exemple, souvent observĂ©, de ce cas. Si les objets contre lesquels sont orientĂ©s les actes de dĂ©linquance apparaissent comme des moyens qui permettent la libĂ©ration dâagressivitĂ©, ces mĂȘmes objets deviennent par la suite une occasion pour parvenir Ă satisfaire une ou des revendications. Il convient dâajouter que comparativement aux mĂ©diations du premier type cf. tableau 1, ces types de mĂ©diation ne sont pas Ă©tayĂ©s par une procĂ©dure formalisĂ©e â comportant notamment les diffĂ©rentes phases de mĂ©diation avec, Ă chaque fois, les modalitĂ©s particuliĂšres dâintervention qui sây appliquent â mais obĂ©issent Ă des cadres dâintervention plus erratiques, en tout cas plus informels et plus de ces questions relatives Ă la nature des conflits et aux procĂ©dures de mĂ©diation, il est nĂ©cessaire de nous intĂ©resser plus prĂ©cisĂ©ment aux mĂ©diateurs qui traitent ces conflits non rĂ©alistes. RecrutĂ©s dans le cadre des emplois aidĂ©s emplois-jeunes, adultes relais, contrat emploi ville⊠et moins connus dans le monde de la mĂ©diation que les mĂ©diateurs du premier type [10], il sâagit surtout de saisir leurs modes de compĂ©tence et les principales problĂ©matiques que soulĂšve leur activitĂ©. Parmi ces acteurs, les emplois-jeunes, qui sont trĂšs majoritaires dans le monde de la mĂ©diation sociale, apparaissent comme les figures emblĂ©matiques de ces rĂ©cents mĂ©tiers de la enseignements des figures rĂ©centes de la mĂ©diation sociale12Il convient dâabord de rappeler que le contexte institutionnel participe Ă la dĂ©finition des modalitĂ©s dâexercice de ces mĂ©diateurs sociaux sous statut dâemplois-jeunes cf. encadrĂ© 2. Ces emplois sâarticulent autour de problĂ©matiques sociales dont la logique paraĂźt obĂ©ir au souci de dĂ©multiplier les effets du dispositif Charlot et alii, p. 48. En effet, il sâagit, dâune part, dâinsĂ©rer par une politique dâemploi singuliĂšre des jeunes en situation professionnelle difficile. Dâautre part, ces mĂȘmes jeunes doivent recrĂ©er du lien social avec des usagers notamment dâautres jeunes qui, nous dit-on, sont en mal dâintĂ©gration. Eu Ă©gard Ă cette double ambition, on peut reprendre ce que R. Castel 1995, p. 675 constate Ă propos du passage des politiques menĂ©es au nom de lâintĂ©gration Ă des politiques conduites au nom de lâinsertion ». Si les premiĂšres sont animĂ©es par la recherche des grands Ă©quilibres, lâhomogĂ©nĂ©isation de la sociĂ©tĂ© Ă partir du centre [11] », les secondes obĂ©issent Ă une logique de discrimination positive elles ciblent des populations particuliĂšres et des zones singuliĂšres de lâespace social, et dĂ©ploient Ă leur intention des stratĂ©gies spĂ©cifiques » ibid., p. 676. Castel prĂ©cise cependant que ces dispositifs dâinsertion ont Ă©chouĂ© dans lâaccompagnement dâune part importante de personnes en difficultĂ© en raison notamment de leur installation dans le provisoire comme rĂ©gime dâexistence » ibid., p. 682.EncadrĂ© 2 Emplois-jeunes » et mĂ©tiers de la mĂ©diationLes nouveaux services emplois-jeunes » ont Ă©tĂ© créés par la loi 97-940 du 16 octobre 1997 relative au dĂ©veloppement de lâemploi des jeunes. Ce dispositif avait pour objectif de dĂ©velopper des activitĂ©s nouvelles rĂ©pondant Ă des besoins Ă©mergents ou non satisfaits et prĂ©sentant un caractĂšre dâutilitĂ© mai 2004, environ la moitiĂ© des 40 000 postes contrats emplois-jeunes CEJ du secteur social est encore pourvue. Environ 15 % de ces emplois concernent les mĂ©tiers de la est prĂ©vu que les derniĂšres sorties du dispositif CEJ auront lieu Ă la fin de lâannĂ©e circulaire du 8 novembre 2002 met un terme aux CEJ tels quâils avaient Ă©tĂ© dĂ©finis en 1997, pour proposer un nouveau dispositif appelĂ© contrat jeunes » qui est rĂ©gi par la loi du 29 aoĂ»t 2002. Ces contrats jeunes » peuvent ĂȘtre signĂ©s dans les secteurs marchands et associatifs avec des jeunes de 16 Ă 23 ans ayant un niveau de formation infĂ©rieur au baccalaurĂ©at. Il apparaĂźt aussi que la fin des CEJ nâempĂȘche pas les employeurs dâavoir recours Ă dâautres types dâemplois aidĂ©s contrats jeunes, contrat emploi consolidĂ©, contrats en alternance, dispositif adultes relais⊠ou de transformer ces contrats en CDI, puisque dĂ©jĂ un quart des CEJ du secteur social bĂ©nĂ©ficie de ces considĂ©rant lâarticulation des logiques de dispositif et des logiques dâacteurs, on peut dĂ©gager dâautres indications sociologiquement manifestes. DâaprĂšs nos investigations empiriques, les activitĂ©s de mĂ©diation ne semblent pas obĂ©ir, pour cette catĂ©gorie de mĂ©diateurs du second type, Ă une dĂ©finition prĂ©cise. Leur objectif vise surtout, par une dĂ©marche construite plus ou moins intuitivement, Ă ĂȘtre en contact avec des publics quâils soient habitants dâun quartier ou usagers des transports publics. Avant dâĂȘtre sous statut emplois-jeunes, les mĂ©diateurs ont, pour beaucoup, une expĂ©rience bĂ©nĂ©vole, animateur⊠dans leur institution ou dans leur activitĂ©. En raison notamment de cette continuitĂ© dans leur ancrage institutionnel et dans leur trajectoire professionnelle, le changement de statut nâest pas obligatoirement synonyme de changement dâactivitĂ©. Au contraire, on constate quâil sâagit plus de consolider certaines tĂąches usuelles jugĂ©es insuffisamment assumĂ©es par les autres professionnels de lâaction sociale que dâapporter une contribution novatrice [12]. Autrement dit, les missions visent Ă amĂ©liorer la prise en charge de tĂąches qui existaient dĂ©jĂ et rares sont ceux qui dĂ©veloppent une rhĂ©torique de la nouveautĂ© pourtant trĂšs prĂ©sente lorsquâil sâest agi de crĂ©er des postes [13]. Les mĂ©diateurs parlent donc de renforcement des mĂ©tiers existants, de missions qui se rajoutent aux fonctions premiĂšres dâune intervention sociale dĂ©jĂ labellisĂ©e. Le travail social classique, jugĂ© trop empĂȘtrĂ© » dans ses tĂąches administratives et dans la gestion des divers dispositifs, les conduit Ă rĂ©investir des fonctions comme lâĂ©coute, le dialogue ou la relation directe avec lâusager. La critique porte moins sur la formation des travailleurs sociaux traditionnels que sur lâexercice effectif de leur compĂ©tence en situation dâintervention. Dâailleurs, lâanalyse de nos diffĂ©rents matĂ©riaux entretiens et analyses des fiches de poste nous conduit Ă affirmer que la grande majoritĂ© de ces mĂ©diateurs emplois-jeunes » ont pour objectif dâintĂ©grer une formation traditionnelle de travailleur social. Ils considĂšrent alors les activitĂ©s de mĂ©diation comme une Ă©tape ou comme un tremplin vers un autre emploi, une occupation passagĂšre garantissant une rĂ©munĂ©ration et lâacquisition dâune expĂ©rience qui peut ĂȘtre nĂ©gociĂ©e sur le marchĂ© de lâemploi ; ces mĂ©diateurs Ă©voquent dâailleurs la possibilitĂ© plus grande aujourdâhui de faire valider leurs acquis professionnels. Indubitablement, il apparaĂźt donc que la professionnalisation des mĂ©diateurs est pensĂ©e en dehors de la pĂ©rennisation de leur activitĂ© de mĂ©diation [14]. 14Enfin, si lâon se place dâun point de vue tant micro que macrosociologique, lâanalyse de ces rĂ©cents mĂ©tiers de la mĂ©diation sociale montre quâils se situent entre le travail des professionnels de la sĂ©curitĂ© chargĂ©s de la protection et de la rĂ©pression, et celui des travailleurs sociaux qui traditionnellement dĂ©veloppent une mission de prĂ©vention et dâaccompagnement des publics en difficultĂ©. Ceci est particuliĂšrement patent dans les cas oĂč les mĂ©diateurs agissent en tant que personnes relais des travailleurs sociaux tout en devant rendre compte de leur travail Ă des reprĂ©sentants des dispositifs sĂ©curitaires » comme ceux des contrats locaux de sĂ©curitĂ© [15]. Ainsi, dans une commune Ă proximitĂ© de Thionville Moselle, les mĂ©diateurs se vivent comme des agents assurant des fonctions dâorientation en direction des travailleurs sociaux, mais ils doivent aussi de façon hebdomadaire faire un bilan oral prĂ©cis Ă lâadjoint de la commune chargĂ© des questions de sĂ©curitĂ© et rĂ©pondre au moins en partie Ă ses injonctions de couvrir le territoire dâintervention avec des missions de prĂ©sence et de veille significatif, ces mĂ©tiers, Ă lâinstar de ceux de la sĂ©curitĂ©, semblent ĂȘtre massivement investis par des personnes dâorigine africaine et nord-africaine [16]. Le double objectif de ces dispositifs qui visent Ă lutter contre le chĂŽmage et Ă renforcer la sĂ©curisation des biens et des personnes, nâest pas entiĂšrement Ă©tranger Ă ce constat. Les populations Ă©trangĂšres ou dâorigines Ă©trangĂšres sont plus que les autres catĂ©gories sociales exposĂ©es au chĂŽmage et subissent les effets de la montĂ©e des incivilitĂ©s, on comprend que cette spĂ©cificitĂ© ethnique, ou plus prĂ©cisĂ©ment phĂ©notypique [17] soit pour les employeurs un critĂšre de recrutement des candidats. Il convient mĂȘme dâavancer â si notre constat relatif Ă la surreprĂ©sentation dâune catĂ©gorie de personnes est par ailleurs quantitativement attestĂ© â que nous assistons Ă une politique implicite de discrimination positive fondĂ©e sur lâorigine des individus. Ce constat ne nous dispense pas de considĂ©rer que cette surreprĂ©sentation des jeunes issus de lâimmigration dans ce secteur dâemploi est multicausale. Dâune part on peut supposer quâelle est le rĂ©sultat dâune attirance personnelle des jeunes vers ces mĂ©tiers jugĂ©s peu salissants et peu pĂ©nibles [18], et dâautre part quâelle est la consĂ©quence dâune approche volontariste des employeurs pour se doter dâun personnel familiarisĂ© avec un environnement spĂ©cifique dâ il convient de sâinterroger sur cette proximitĂ© sociale et identitaire qui sâĂ©difie implicitement, selon nous, sur une conception singuliĂšre de la compĂ©tence. Elle prĂ©suppose que cette compĂ©tence est plus facilement efficiente quand elle est rĂ©alisĂ©e par les gens du cru » pour reprendre les termes dâun mĂ©diateur. Autrement dit, ces mĂ©diateurs au contraire des autres professionnels â qui peinent Ă instaurer une relation de confiance et dâautoritĂ© avec certains jeunes â sont des interlocuteurs susceptibles de renforcer la paix sociale en raison de leur appartenance socio-ethnique. Leurs connaissances des valeurs du groupe et des systĂšmes de normes en vigueur acquises grĂące Ă leur proximitĂ© sociale leur permettraient dâagir avec Ă -propos et surtout dâappuyer leur intervention sur des leviers inexplorĂ©s par les autres professionnels. Cette exploration singuliĂšre nâest elle-mĂȘme possible que sâil existe une proximitĂ© sociale entre les mĂ©diateurs et les usagers puisque la rĂ©ussite de lâaction est dĂ©terminĂ©e par les reprĂ©sentations respectives des interactants [19]. Une mĂȘme intervention peut donc soit attiser une situation conflictuelle, soit lâattĂ©nuer, tout dĂ©pend du degrĂ© de lĂ©gitimitĂ© identitaire que lâusager accorde au mĂ©diateur [20]. Sâagit-il pour autant dâune instrumentalisation des caractĂ©ristiques socioculturelles ou dâun opportunisme pragmatique fondĂ© sur une approche utilitariste de lâintervention sociale ? Nos rĂ©ponses sont certes partielles mais nous conduisent Ă ĂȘtre vigilant sur cette question de lâethnicitĂ© rapportĂ©e Ă lâactivitĂ© professionnelle. Dâautant que la mĂ©diation telle quâelle est aujourdâhui dĂ©veloppĂ©e dans les quartiers sâachemine progressivement vers un mode de rĂ©gulation en partie fondĂ© sur la surveillance communautaire. On pourrait alors avancer que la rĂ©gulation des conflits et la prĂ©vention des actes de dĂ©linquance sâethnicisent dans les quartiers dans la mesure oĂč lâon assiste Ă une remise en cause des derniers reprĂ©sentants » nâappartenant ni gĂ©ographiquement, ni socialement Ă ces mĂȘmes quartiers. DĂ©sertĂ©s trop souvent par les administrations, les travailleurs sociaux, les enseignants et les chauffeurs de bus sont les derniers » professionnels extĂ©rieurs Ă ces quartiers dâintervention. Lâempressement Ă trouver une nouvelle affectation pour les premiers, la remise en cause des compĂ©tences des seconds, et lâexaspĂ©ration exprimĂ©e par les derniers quant Ă leurs conditions de travail [21], laissent prĂ©sager une dĂ©rive les services seraient assurĂ©s par des reprĂ©sentants communautaires les intervenants sociaux seraient alors majoritairement composĂ©s de grands frĂšres et de mĂ©diateurs sociaux. Dans lâenseignement ne resteraient que des militants de la justice sociale et les chauffeurs de bus ne seraient que des salariĂ©s en attente de mutation sur une autre ligne de transport. Ce type de prospective fondĂ©e sur lâobservation de certaines tendances sociologiques est certes spĂ©culatif mais pourtant vraisemblable. Ă lâimage des expĂ©riences rĂ©centes de mĂ©diation qui prĂ©figurent un mode dâintervention marquĂ© par la rĂ©gulation communautaire nâassistons-nous pas Ă une spĂ©cialisation ethnotypique » de certaines fonctions ?Conclusion15En conclusion, on peut dire que lorsque lâon Ă©tudie les activitĂ©s relativement disparates de mĂ©diation sociale, les analyses de Coser apparaissent particuliĂšrement pertinentes pour indiquer les correspondances qui existent entre la nature des conflits et les missions des mĂ©diateurs. Dâune part, il est indubitable que les expĂ©riences de mĂ©diation en milieu urbain sâinscrivent dans des procĂ©dures tendanciellement orientĂ©es vers la rĂ©solution des conflits manifestes. Dâautre part, ces expĂ©riences se traduisent dans des actions de restauration de la paix sociale liĂ©e Ă des conflits latents non rĂ©alistes, disparates dans leurs manifestations et indĂ©terminĂ©s dans leur objectif. Cette distinction tirĂ©e de notre grille de lecture nâa pas dâautre ambition que celle de faciliter lâintelligibilitĂ© de ce monde relativement nĂ©buleux. Elle nous a permis de mieux comprendre, dans le champ trĂšs large de lâintervention sociale, les initiatives relativement rĂ©centes si nous les comparons aux expĂ©riences plus traditionnelles du travail social. 16Il apparaĂźt que la prĂ©sence des mĂ©diateurs sociaux du second type, comme les agents locaux de mĂ©diation sociale, est justifiĂ©e par une situation dĂ©signĂ©e comme problĂ©matique et se focalise sur les symptĂŽmes de lâinsĂ©curitĂ© plutĂŽt que sur ses causes. En consĂ©quence, nous avons moins Ă faire Ă des actions de fond â qui permettraient dâendiguer les processus dâexclusion et surtout dâĂ©tablir une coexistence orientĂ©e vers la restauration des liens sociaux â quâĂ une logique fondĂ©e sur une rationalitĂ© pragmatique et gestionnaire. 17Les acteurs ajustent, adaptent ou transforment, en fonction de contingences structurelles et institutionnelles et en fonction de choix individuels, les dispositifs dits de mĂ©diation. Leurs pratiques rĂ©vĂšlent des logiques disparates et hĂ©tĂ©rogĂšnes liĂ©es aux rĂ©alitĂ©s locales et institutionnelles, mais aussi Ă un ensemble dâenjeux complexes qui nâĂ©cartent pas les jeux dâacteurs. Il est difficile dans ces conditions de dĂ©gager des rĂ©fĂ©rentiels communs et de considĂ©rer que nous avons Ă faire Ă un nouveau groupe professionnel en voie de constitution. Une grande partie des activitĂ©s dĂ©veloppĂ©es par ces mĂ©diateurs nâest pas nouvelle, au contraire de ce qui justifiait ces dispositifs ALMS, les modes dâintervention viennent plutĂŽt renforcer les tĂąches, notamment la prĂ©sence sociale jugĂ©e le plus souvent nouveautĂ© vient de lâappellation et de lâimportance numĂ©rique dâune catĂ©gorie de personnel dĂ©fini par la prĂ©caritĂ© de son statut et par sa proximitĂ© socioculturelle avec les usagers [22]. Le profil phĂ©notypique en tant quâattribut de la compĂ©tence incarne un prĂ©supposĂ© quant au type de rapports sociaux que ce profil induirait dans le mode de traitement social de la dĂ©viance. Notes [1] Dans ces domaines, les procĂ©dures, les modalitĂ©s dâintervention et le statut des mĂ©diateurs font en effet lâobjet dâune lĂ©gislation plus ou moins prĂ©cise. La mĂ©diation pĂ©nale est notamment rĂ©gie par les lois du 4 janvier 1993 et du 23 juin 1999, tandis que la mĂ©diation familiale est rĂ©glementĂ©e par un dĂ©cret du 2 dĂ©cembre 2003 no 2003-1166 et par un arrĂȘtĂ© du 12 fĂ©vrier 2004. Contrairement Ă ces deux champs dâintervention, la mĂ©diation sociale ne relĂšve dâaucune disposition juridique particuliĂšre. [2] Pour une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e de notre outillage mĂ©thodologique, se reporter Ă notre travail de thĂšse soutenue sous la direction de Jean-Yves TrĂ©pos, le 1er juillet 2003, Sociologie des pratiques de mĂ©diation, entre principes et compĂ©tences », universitĂ© de Metz. [3] Nous reprenons dans cette partie relative aux composantes de la mĂ©diation, des Ă©lĂ©ments que nous dĂ©veloppons dans notre ouvrage Ben Mrad, 2002. [4] Ce terme de rĂ©gulation sociale renvoie Ă des activitĂ©s sociales qui ont pour souci de favoriser les relations, le dialogue et les formes de sociabilitĂ©. Il se fonde sur les responsabilitĂ©s individuelles et collectives et sur les capacitĂ©s des individus Ă dĂ©gager les modalitĂ©s de leur cohĂ©sion sociale. Cette rĂ©gulation a une portĂ©e morale » au sens durkheimien du terme puisquâelle est source de solidaritĂ© et participe Ă la construction du lien social en posant la question du vivre ensemble » et en ambitionnant de dĂ©passer les seuls intĂ©rĂȘts individuels des personnes. [5] Pour une analyse dĂ©taillĂ©e des notions dâincivilitĂ© et de dĂ©lit, le lecteur pourra se reporter aux travaux de SĂ©bastien RochĂ©, notamment son ouvrage TolĂ©rance zĂ©ro ? IncivilitĂ©s et insĂ©curitĂ©, Ăditions Odile Jacob, 2002. [6] Ce magistrat est lâinitiateur dâune des premiĂšres expĂ©riences de mĂ©diation en 1985, Ă Valence dans la DrĂŽme. [7] Cette dĂ©marche est similaire Ă celle de la mĂ©diation familiale, scolaire ou pĂ©nale. [8] Les employeurs de ces mĂ©diateurs sont majoritairement des mairies, des associations, des sociĂ©tĂ©s de transport public et des bailleurs sociaux. [9] La distinction opĂ©rĂ©e par Coser entre ces deux types de conflit permet, selon lui, de penser que leurs manifestations ne sont pas aussi insensĂ©es, absurdes et irrationnelles, notamment pour ces conflits non rĂ©alistes qui se dĂ©finissent, pourtant en premier lieu, par leur absence dâobjectif et dâobjet prĂ©cis. [10] Pour un approfondissement sur ces mĂ©diations sociales orientĂ©es vers la rĂ©solution de conflits et dĂ©veloppĂ©es la plupart du temps par des bĂ©nĂ©voles, nous renvoyons le lecteur aux travaux de BonafĂ©-Schmitt, P. Milburn et F. Ben Mrad. [11] Ces politiques dâintĂ©gration visent notamment la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales et lâamĂ©lioration de la condition salariale. [12] Il apparaĂźt que certaines associations ou collectivitĂ©s ont mĂȘme profitĂ© de ce dispositif emplois-jeunes » pour officieusement confiner les mĂ©diateurs Ă des tĂąches relevant de secteurs dĂ©jĂ existants animations socioculturelles notamment et non Ă des postes relevant de missions nouvelles comme le prĂ©voyait officiellement le dispositif. Ă titre dâexemple, on peut citer des structures de centre de loisirs pour la jeunesse CLSH qui fonctionnent avec des emplois-jeunes appelĂ©s animateurs/mĂ©diateurs alors que cette fonction nâest ni nouvelle, ni ne correspond Ă des besoins Ă©mergents non satisfaits comme le prĂ©voit le dispositif. [13] Dans le domaine de la sĂ©curitĂ©, les fonctions rĂ©ellement assumĂ©es par les emplois-jeunes de la police nationale ADS, adjoints de sĂ©curitĂ© ne revĂȘtent pas non plus un caractĂšre novateur. DâaprĂšs C. Gorgeon 2000, p. 89, la nature des activitĂ©s des ADS est identique Ă celle des gardiens de la paix. Ces derniers ont par contre tendance Ă se dĂ©charger sur les ADS de certaines tĂąches qui ne demandent pas de qualification particuliĂšre et qui sont considĂ©rĂ©es plutĂŽt comme peu valorisantes. [14] Ce constat observable avant la dĂ©cision du gouvernement Raffarin de progressivement supprimer ce dispositif emplois-jeunes » est Ă©videmment encore plus marquant aujourdâhui en raison mĂȘme de lâeffet que cette renonciation peut produire chez les intĂ©ressĂ©s. [15] Faut-il le rappeler que les ALMS qui ont Ă©tĂ© recrutĂ©s dans le cadre de ces CLS devaient, selon les objectifs de ce dispositif, lutter contre lâinsĂ©curitĂ© et notamment les incivilitĂ©s et la dĂ©linquance des mineurs. [16] La forte relation entre mĂ©tier et origine ethnique des individus est en effet Ă©galement observable chez les agents de sĂ©curitĂ© privĂ©e dâorigine africaine. Un phĂ©notype particulier semble mĂȘme ĂȘtre recherchĂ© par les employeurs dans ce secteur dâactivitĂ© grand, noir, sportif. Voir les travaux de Pascal Hug Les agents de sĂ©curitĂ© privĂ©e noirs un exemple de discrimination dans le monde de la sĂ©curitĂ© », in Les Cahiers de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, 2e trimestre 2000, p. 93-117. [17] On peut dĂšs lors dĂ©finir le phĂ©notype moins comme un ensemble de dispositions professionnelles que comme un ensemble de caractĂšres qui sâincarnent dans lâapparence physique des personnes. Il convient aussi dâajouter quâil nâexiste pas, en France, dâĂ©tude quantitative sur le profil phĂ©notypique des mĂ©diateurs sociaux. Ce type de problĂ©matique renvoie Ă un dĂ©bat plus large et trĂšs controversĂ© des dĂ©mographes sur la nĂ©cessitĂ© ou non de ne retenir que le seul critĂšre de nationalitĂ© pour rendre compte dâune des composantes de lâidentitĂ© sociale. En France, la construction dâindicateurs statistiques Ă partir des critĂšres dâorigine » ou dâappartenance ethnique » est strictement encadrĂ©e, voire prohibĂ©e. Or indubitablement le seul critĂšre de nationalitĂ© sâavĂšre insuffisant pour apprĂ©hender les rĂ©alitĂ©s phĂ©notypiques des activitĂ©s professionnelles. [18] Le dĂ©sir est dâautant plus fort que pour certains mĂ©diateurs dâorigine Ă©trangĂšre qui ont connu les formes de discrimination Ă lâembauche, ces emplois constituent par dĂ©faut une solution Ă leur situation professionnelle. Autrement dit, ce statut et ce champ dâintervention peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une opportunitĂ© pour Ă©chapper Ă des secteurs dâemplois jugĂ©s par les jeunes peu accueillants, rĂ©fractaires, voire xĂ©nophobes administration, banque, commercesâŠ. [19] Dans le champ de lâĂ©ducation nationale B. Charlot et alii 2000, p. 47-63 font le mĂȘme type de constat avec lâemploi des aides-Ă©ducateurs. Ils montrent que la proximitĂ© identitaire entre ces intervenants et les Ă©lĂšves sont opĂ©ratoires dans les tĂąches de surveillance et de suivi pĂ©dagogique. La connivence culturelle que les aides-Ă©ducateurs ont avec les Ă©lĂšves leur permet de rĂ©agir avec justesse et justice aux âtestsâ des Ă©lĂšves alors que dâautres seraient amenĂ©s soit Ă âsur-rĂ©agirâ, soit Ă se laisser dĂ©border. Si la proximitĂ© socioculturelle existante entre aides-Ă©ducateurs et Ă©lĂšves permet aux premiers de mieux lire le comportement des Ă©lĂšves, elle modifie aussi la nature des rĂ©actions des Ă©lĂšves. Elle va en quelque sorte asseoir lâautoritĂ© dont les aides-Ă©ducateurs vont bĂ©nĂ©ficier auprĂšs des Ă©lĂšves » ibid., p. 57-58. Ces processus sont aussi patents dans le champ de lâaction sociale traditionnelle et particuliĂšrement dans celui de lâanimation sociale urbaine. [20] Ce processus nâest pas patent avec les usagers de la gĂ©nĂ©ration des parents dans la mesure oĂč la proximitĂ© culturelle ne suffit pas puisque lâĂąge apparaĂźt dĂ©terminant dans lâĂ©tablissement de ce type de relation surtout dans les familles maghrĂ©bines de France oĂč le patriarcat » et le droit dâaĂźnesse sont encore relativement efficients dans les relations sociales. [21] Il suffit de relater le nombre important des conflits collectifs du travail liĂ©s aux questions de sĂ©curitĂ© dans les transports, pour constater les difficultĂ©s des personnels roulants Ă exercer leur mĂ©tier dans les quartiers difficiles ». [22] Plus symptomatique, lâobservation de ce monde de la mĂ©diation sociale nous fait penser, toutes proportions gardĂ©es, aux structures privĂ©es centres commerciaux, galeries marchandes, restauration rapide⊠qui recourent Ă du personnel de sĂ©curitĂ© appartenant Ă des groupes ethniques particuliers. . 276 465 6 155 405 380 178 292